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Séminaires très nombreux au vu du nombre de vocations, structures à repenser: les évêques de France cherchent à composer avec des effectifs en baisse et des moyens contraints, quitte à revoir la voilure.
Réuni à Lourdes pour une assemblée qui s'est achevée mercredi, l'épiscopat s'est penché sur la "ratio fundamentalis", nouvelle règle de fonctionnement des séminaires publiée par le Vatican.
Le sujet peut paraître ésotérique mais il a des implications importantes dans une Eglise française qui suit une courbe démographique déclinante, avec environ 12.000 prêtres aujourd'hui, soit deux fois moins qu'il y a vingt ans.
Le nombre de séminaristes a, lui, diminué de 30% en seize ans en France, passant de 976 en 2000 à 662 en 2016. Or, la France compte encore 32 lieux de formation. "Six de ces séminaires ou maisons reçoivent 50% des séminaristes, ça veut dire qu'il y a des lieux dont le dynamisme est à revoir", explique à l'AFP Mgr Jérôme Beau, évêque auxiliaire de Paris, chargé d'adapter à la situation française la "ratio" romaine.
La situation semble d'autant moins tenable que certains séminaires n'ont qu'un seul formateur à temps plein. "Il faut s'adapter au fait qu'un certain nombre de diocèses n'ont pas plus de quinze, vingt prêtres... On doit faire preuve de créativité, mais aussi de soutien mutuel", estime Mgr Beau.
Certains évêques sont dubitatifs sur la manière d'enclencher la réflexion. "On ne prend pas le problème par le bon bout. Il ne faut pas réfléchir en terme de +carte scolaire+", mais "partir des jeunes tels qu'ils sont", a lancé devant ses pairs l'évêque de Bayonne, Marc Aillet, issu de la florissante (une centaine de séminaristes) communauté Saint-Martin. Cet institut promet à ses futurs prêtres une vie en petites communautés et une grande mobilité.
- Temps long -
Autre sujet moins technique qu'il n'y paraît: l'évolution des structures nationales de la Conférence des évêques de France (CEF). C'est "devenu une tâche nécessaire, onze ans après la publication des statuts qui la régissent", a souligné son président, Mgr Georges Pontier, en clôturant l'assemblée.
"Il y a des attentes nouvelles de la part des évêques, dont 80 (sur 120 aujourd'hui, ndlr) n'étaient pas là il y a quinze ans", souligne Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque de Montpellier et vice-président de la CEF.
Avec ses 130 salariés, sa cinquantaine de prêtres et religieux mis à disposition par les diocèses et congrégations, sa centaine de bénévoles laïcs, la conférence épiscopale incarne l'Eglise au niveau national, notamment auprès des pouvoirs publics, et met ses services spécialisés au service des diocèses. Mais, contrairement à une idée reçue, elle n'a pas autorité sur les évêques, qui dépendent directement du pape.
"Tout ne doit pas se traiter au niveau national, sinon on perd de la souplesse, du dynamisme. Il y a plein d'initiatives, localement, que ne connaissent que ceux qui les font, et c'est dommage", estime Mgr Carré. Pour nombre d'évêques, les provinces, sortes de "régions" fédérant plusieurs diocèses, sont un bon échelon pour mutualiser les moyens et les expériences. "Je découvre l'importance des provinces, qui ont un rôle plus important à jouer dans le futur", confie Mgr Xavier Malle, nouvel évêque de Gap.
"On s'aperçoit qu'il est plus difficile de trouver des responsables pour tel ou tel poste" à la CEF, fait valoir son ancien secrétaire général Mgr Antoine Hérouard, aujourd'hui évêque auxiliaire de Lille. Il prédit une "adaptation des structures aux moyens humains et financiers dont on dispose".
Les évêques entendent prendre le temps de la réflexion sur ces sujets épineux.
Pour les séminaires, cette assemblée d'automne a ouvert "trois ans de travail", estime Mgr Beau. "On n'en est qu'au début", dit prudemment Mgr Carré au sujet de la CEF. Un temps long qui n'est pas propre à l'Eglise, plaisante Mgr Hérouard: "Le monde politique évolue beaucoup plus lentement que nous!"