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"Pas de signe de retour du jury, qui s'est retiré depuis mardi midi dans un hôtel de la capitale", explique notre journaliste Antoine Schuurwegen, en direct depuis le Palais de Justice de Bruxelles. Les 12 jurés et trois magistrats professionnels, qui ont commencé leurs délibérations mardi à la mi-journée, doivent répondre à un total de 56 questions sur la culpabilité des deux accusés.
Un premier verdict est attendu a priori jeudi matin. En cas de culpabilité, la cour devra se prononcer dans un deuxième temps sur les peines, vraisemblablement vendredi.
Accusé de ce quadruple assassinat commis de sang-froid en moins d'une minute et demie le 24 mai 2014, Mehdi Nemmouche, jihadiste français de 33 ans, encourt la réclusion à perpétuité.
Il nie les faits et affirme avoir été "piégé", sans plus d'explications, reprenant mot pour mot la thèse de ses conseils, qui a été jugée invraisemblable par les autres parties au procès.
Pour ses avocats, la tuerie n'est pas un attentat du groupe jihadiste Etat islamique (EI), au sein duquel l'accusé a combattu entre janvier 2013 et février 2014.
Il s'agit, affirment-ils, d'"une exécution ciblée d'agents du Mossad" (les services secrets israéliens), dans laquelle de supposés agents des services libanais ou iraniens auraient impliqué Nemmouche à son insu.
Cette thèse d'une implication du Mossad vise les époux israéliens Miriam et Emmanuel Riva, les deux premières personnes abattues au Musée juif.
Les avocats de la famille Riva ont vivement protesté qu'on présente les deux touristes comme des agents secrets, dénonçant "un scandale absolu".
"Une vie foutue"
Certes, Mme Riva a travaillé pour le Mossad mais en tant que comptable. "Elle n'était pas sur le terrain opérationnel", ont souligné au procès les deux juges d'instruction, qui se sont rendues en Israël pour leur enquête.
Joint par l'AFP, Yohan Benizri, qui préside le Comité de coordination des organisations juives de Belgique, partie civile au procès, a fustigé "une théorie du complot nauséabonde".
Six jours après la tuerie, le 30 mai 2014, Nemmouche, un délinquant multirécidiviste radicalisé en prison, avait été arrêté à Marseille (sud de la France) en possession des armes utilisées, un revolver et un fusil d'assaut de type Kalachnikov.
Entre autres effets personnels, il transportait une veste en nylon avec "des résidus de tir", et un ordinateur dans lequel les enquêteurs ont retrouvé six vidéos de revendication avec une "voix off" similaire à la sienne.
Au total, l'accusation a recensé "23 éléments de preuve" accablant Mehdi Nemmouche, dont la morphologie correspond aussi à celle du tireur observée sur la vidéosurveillance du musée.
"Nous sommes tous les deux convaincus au plus profond de nous-mêmes que les deux accusés ont bien commis ces actes", avait déclaré l'un des deux avocats généraux dans son réquisitoire le 26 février.
Dans le box depuis le 10 janvier comparaissait également Nacer Bendrer, un délinquant marseillais de 30 ans, ex-compagnon de détention de Nemmouche, accusé de lui avoir fourni les armes de la tuerie et qui affirme être innocent.
L'enquête a montré que les deux hommes avaient eu des dizaines d'échanges téléphoniques en avril 2014, au moment où Nemmouche est censé être en pleins préparatifs.
Au procès, Nacer Bendrer a reconnu que ce dernier lui avait demandé une Kalachnikov lors de sa venue à Bruxelles début avril. Mais le Marseillais n'aurait pas donné suite. Sa défense a mis en avant l'absence de "preuve matérielle" d'une remise des armes.
"Une décision de culpabilité, c'est une peine à deux chiffres qui l'attend, une vie foutue", a plaidé son avocat Julien Blot lundi à l'adresse du jury.
Après les époux Riva, un jeune employé belge, Alexandre Strens et une bénévole française, Dominique Sabrier, avaient aussi été assassinés au Musée juif.