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L'ONU a dénoncé jeudi la quasi-totale impunité (98,5%) dont jouissent les forces armées colombiennes dont certains membres ont été accusés d'avoir pratiqué des exécutions extrajudiciaires pour faire gonfler les statistiques dans la lutte contre la guérilla.
"Le taux actuel d'impunité en relation avec les exécutions prétendument commises par les forces de sécurité, qui atteint jusqu'à 98,5% selon des sources crédibles, est trop élevé", a déploré le rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, Philip Alston, cité dans un communiqué.
Ce spécialiste du droit international s'est rendu en Colombie en juin 2009 pour enquêter notamment sur des meurtres commis par les forces armées en 2008 et qui ont été officiellement reconnus: en décembre 2008, le vice-président du pays Francisco Santos avait demandé "pardon" aux victimes devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU.
Le scandale des exécutions extrajudiciaires, dit des "faux positifs", a atteint son paroxysme après la révélation de l'assassinat de jeunes originaires de la banlieue de Bogota au début de l'année 2008 par des soldats qui les avaient ensuite présentés comme des guérilleros tués au combat.
"A moins que le gouvernement ne garantisse des enquêtes et des poursuites pour les meurtres commis par les forces militaires, il ne sera pas en mesure de tourner la page du scandale des faux positifs", a fait valoir le rapporteur de l'ONU.
L'armée n'est pas le seul motif d'inquiétude du rapporteur qui dénonce le "niveau alarmant d'impunité des ex-paramilitaires", ces guérilleros repentis qui ont bénéficié d'une amnistie. Il dénonce ainsi l'échec du processus de reddition, censé favoriser la démobilisation des paramilitaires.
En outre, le rapporteur s'interroge sur la façon dont la Colombie tente de résoudre le conflit qui dure depuis des décennies.
Car si M. Alston reconnaît que "tant les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et l'ELN (Armée de libération nationale, guévariste) ont commis des assassinats et ont fréquemment attaqué (...) les populations qu'ils disaient protéger", il demande aux autorités de "considérer les accords humanitaires et les négociations pour en terminer une fois pour toutes avec ce conflit".