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Il n'y aura "plus de shopping à Milan, plus de fêtes à Saint-Tropez, plus de diamants à Anvers", a tweeté ce mardi soir le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, dans une allusion au train de vie somptuaire des oligarques russes et autres proches du pouvoir visés par le gel des avoirs et les interdictions de visa pour l'UE. "Et ce n'est qu'une première étape. Nous restons unis", a-t-il ajouté.
Les Vingt-sept États membres de l'UE ont décidé de sanctionner individuellement (gel des avoirs, interdiction de visa) les 351 députés de la Douma russe qui ont voté la reconnaissance de la souveraineté des républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk, lors d'une réunion convoquée en urgence à Paris. Vingt-sept individus et entités (organismes ou entreprises) qui jouent un rôle dans les menaces à la souveraineté et l'intégrité du territoire ukrainien sont également visés.
"Les sanctions feront mal à la Russie, très mal"
L'absence dans cette liste du président russe Vladimir Poutine répond à une volonté de gradation dans les sanctions qui pourraient être prises, en fonction des prochains agissements du Kremlin, a expliqué Josep Borrell. Toutefois, "les sanctions feront mal à la Russie, très mal", a assuré l'Espagnol.
Des responsables politiques, des militaires ainsi que des responsables de la désinformation seront listés, de même que des banques qui financent l'appareil militaire russe et contribuent à la déstabilisation de l'Ukraine, ou encore la capacité du gouvernement russes à lever des capitaux sur les marchés financiers européens pour refinancer sa dette. Le commerce des deux régions séparatistes avec l'UE est également visé, comme ce fut le cas après l'annexion illégale de la Crimée en 2014.
Ces décisions, concertées avec les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada, s'ajoutent à celle de Berlin, qui a mis fin à la mise en service attendue du gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne.
Pour Josep Borrell, il ne s'agit probablement que d'une première étape dans la riposte européenne, même si "les efforts diplomatiques se poursuivent pour éviter un conflit majeur au cœur de l'Europe".
Sophie Wilmès: "La situation devient de plus en plus difficile"
Notre ministre des Affaires étrangères, Sophie Wilmès, dit elle aussi s'attendre à la nécessité de prendre d'autres sanctions vu le comportement agressif de Moscou. "Nous sommes conscients que, même si nous voulons l'apaisement et si les canaux de la diplomatie restent ouverts, la situation devient de plus en plus difficile".
Soulignant la détermination européenne, elle dit ne pas voir dans les événements des dernières heures une volonté russe de désescalade, mais au contraire la recherche de prétextes à un déploiement militaire russe en Ukraine.
Le Haut représentant Borrell s'est à cet égard inquiété du respect de la ligne de contact qui, à l'est des régions ("oblasts") de Lougansk et de Donetsk, sépare les territoires aux mains des indépendantistes pro-russes de ceux encore contrôlés par les forces régulières ukrainiennes. Ces territoires aux mains des républiques populaires autoproclamées ne couvrent que 30% du Donbass ukrainien, mais le président russe Vladimir Poutine a confirmé mardi que la reconnaissance de leur indépendance emportait l'ensemble des régions de Donetsk et Lougansk.
"L'histoire n'est pas finie"
L'une des clefs de la réunion de ce mardi était l'unité des Vingt-sept, qui devaient se prononcer à l'unanimité alors qu'ils ont des intérêts parfois divergents avec Moscou. La Hongrie, notamment, était observée. Mais les pays membres de l'UE ont trouvé une réponse unie. "Certains voulaient aller plus loin, d'autres graduer davantage (les sanctions), on a trouvé un point d'équilibre", a expliqué Josep Borell, confirmant que les Vingt-sept avaient décidé de garder "d'autres munitions pour répondre à de nouvelles actions de la part de la Russie", car "l'histoire n'est pas finie".