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Huit jours après leur incorporation, les quelque 70 recrues du Service militaire volontaire (SMV), qui ont intégré début juillet le 1er régiment de Montigny-lès-Metz (Moselle), vivent leur premier bivouac, certains maladroits, mais tous enthousiastes.
"Juste là, gros? C'est plus de la caillasse, c'est de la roche et c'est là que tu veux planter la tente?", demande, sceptique, Zacchary, 18 ans, à son compagnon de bivouac.
Mille filles et garçons, âgés de 18 à 25 ans, peu ou pas qualifiés, ont rejoint la caserne mosellane pour suivre une formation professionnelle dans un cadre militaire, depuis le lancement en 2015 de ce dispositif inspiré du Service militaire adapté (SMA) existant en Outre-mer.
"Je n'avais pas d'autre choix, c'était le seul truc pour rebondir", dit Zacchary. Il a été orienté vers le SMV après avoir vécu dans la rue, encore mineur.
Après cinq semaines d'apprentissage des rudiments de la vie militaire, il va suivre une remise à niveau scolaire et passer le permis de conduire, puis débuter une formation professionnelle de neuf à douze semaines. Pour lui, ce sera ouvrier agricole.
La moitié du groupe a marché et istallé son premier bivouac dans la forêt de Vaux, sur les hauteurs de Rozérieulles.
Les lourds sacs à dos, transportant l'équipement, ont été acheminés par véhicule. "Le temps qu'ils s'adaptent... et qu'ils testent les Rangers", sourit l'adjudant-chef Kamel.
Les chaussures noires montantes en cuir sont un supplice pour Ramazan, 18 ans. "Ca fait des ampoules", glisse-t-il.
En treillis, "un passant de compagnie" rouge sur l'épaule gauche, il écoute avec d'autres volontaires les instructions d'un militaire pour monter, au milieu d'une clairière, la tente commune. "Oui, caporal-chef!", répondent-ils, plus ou moins en choeur.
Deux seulement griffonnent notes et croquis sur un carnet. "On a tout dans la tête, on est des guerriers", fanfaronne Lyès, 19 ans. Il n'a jamais fait de camping, mais a déjà passé "des nuits blanches, dehors, avec des potes".
"Ils nous montrent et la prochaine fois, il faudra le refaire tout seuls. On s'entraide, on regardera sur celui qui a noté", lâche Thomas, 20 ans.
- Les bases de la vie militaire -
Les sorties sur le terrain favorisent l'entraide et la cohésion entre les jeunes. "On leur apprend le travail en groupe et à s'écouter, ce qui est le plus difficile. Ils écoutent les militaires, mais entre eux ils restent sur +Je suis le plus grand+ ou +Je sais tout faire+", explique l'adjudant-chef Kamel.
Les expériences extérieures permettent "aux réservés qui se mettent de côté même s'ils ont de bonnes idées" de s'affirmer et aux recrues trop sûres d'elles d'apprendre l'humilité.
"On les prépare à la vie active: il y a des règles à suivre en collectivité ou en entreprise. Ce n'est pas pour être directif", résume le lieutenant Cédric Ehlers, officier de communication du 1er régiment du SMV.
A côté de la clairière, un groupe monte les tentes dans lesquelles ils dormiront à deux. Rava et Nency, 19 et 20 ans, chignons impeccables, attaquent leur deuxième abri, alors que Zacchary peine à enfoncer dans le sol sa première sardine. "Il y a plein de cailloux", constate-t-il en tapant avec une pierre sur un piquet.
"On apprend les bases de la vie militaire: se déplacer, saluer ses supérieurs, les réflexes, les grades", raconte le jeune homme. Il avait "un peu plus de cheveux" avant son incorporation. "C'est comme aller chez le coiffeur, sauf qu'on n'a pas la coupe qu'on veut", sourit-il.
Au régiment, Zacchary a découvert qu'il était "patient" et Thomas qu'il pouvait "dépasser (ses) limites".
De nombreux autres volontaires ont expérimenté la vie en communauté. "J'espère que (le bivouac) va nous rapprocher, qu'il y aura moins de tensions", souffle Loïc, 18 ans.
Après une heure de vains efforts, Zacchary et son camarade de tente ont reçu le renfort de recrues pour enfin dresser leur abri nocturne.
Tradition oblige: le soir, autour du feu, après avoir avalé leur ration de combat, ils ont chanté la Marseillaise et récité les neuf articles du "Code du volontaire".