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Procès de la Scientologie: l'électromètre au coeur des débats

Le tribunal correctionnel de Paris a tenté mercredi de déterminer si l'électromètre, vendu et utilisé par l'Eglise de Scientologie, était un instrument doté d'une véritable efficacité scientifique ou un "leurre", destiné à récupérer l'argent des adeptes.

Pour l'Eglise de Scientologie, jugée pour escroquerie en bande organisée et exercice illégal de la pharmacie, l'électromètre ou "électropsychomètre" est un appareil électrique qui permet aux paroissiens "de localiser les zones de détresse et de tourments spirituels".

Présenté par la Scientologie comme ayant un caractère scientifique, il est vendu aux adhérents quelque 4.800 euros, soit dix fois plus que son prix de revient.

D'après les expertises, anciennes, citées dans la procédure, "l'appareil n'est rien d'autre qu'un leurre", manquant de "sérieux" et "impropre à mesurer précisément quelque phénomène physique que ce soit".

Une thèse partiellement contredite mercredi par deux experts en électronique cités par l'Eglise de Scientologie.

Pour Bernard Denis-Laroque et pour Philippe Ripoche, deux experts judiciaires patentés, "l'appareil mesure bien quelque chose", à savoir la variation des résistances électriques.

Après avoir assuré n'avoir aucun lien avec la Scientologie, M. Ripoche confesse avoir été "surpris" de certaines constatations: "à l'évocation de souvenirs douloureux, la résistance électrique des personnes tombait dans des proportions importantes", dit-il. Selon lui, l'électromètre mesure donc bien "un phénomène physiologique".

Mais interrogé sur la littérature scientologue entourant l'électromètre, l'ingénieur donne une réponse beaucoup moins favorable à l'organisation: pour lui, c'est une "logorrhée fantaisiste, ambitieuse et risible".

Que l'électromètre donne "une indication du stress, peut-être", mais qu'il soit "une certitude absolue, non": "il semble que cet appareil ne puisse être utilisé comme une assistance à la psychothérapie", a-t-il ajouté.

L'Eglise de Scientologie, organisation controversée, risque la dissolution de ses structures françaises dans ce procès, ouvert le 25 mai et qui doit durer jusqu'au 17 juin.

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