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"Incompréhensible", "choquant" et "inquiétant": le verdict, plus clément qu'en première instance et rendu sous haute tension, dans le procès en appel de la violente agression de policiers à Viry-Châtillon (Essonne) en 2016 a suscité dimanche l'indignation de plusieurs syndicats de policiers.
"Je recevrai personnellement la semaine prochaine les policiers victimes", a tweeté le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, ajoutant que "l'émotion suscitée" par l'attaque "est encore intacte".
Dans la nuit de samedi à dimanche, la cour d'assises des mineurs de Paris a condamné en appel cinq jeunes à des peines allant de 6 à 18 ans de réclusion criminelle et en a acquitté huit autres.
La lecture du verdict a été interrompue par une bagarre générale dans le box des accusés, nécessitant l'intervention d'une trentaine de policiers et gendarmes. Les heurts se sont ensuite étendus dans la salle d'audience, où étaient présentes les familles des accusés.
Ce verdict "est incompréhensible et laisse les victimes et de nombreux policiers très amers et en colère", a réagi le syndicat Unité SGP Police, partie civile.
Après cette décision "écœurante et inquiétante, qui va laisser des traces, les violences, les jets de cocktails Molotov, les tirs de mortiers vont continuer", a pour sa part regretté Guillaume Roux, secrétaire départemental de l'Essonne du syndicat Unité SGP Police-FO.
Pour Claude Carillo, du syndicat Alliance, qui appelle à des rassemblements mardi devant tous les tribunaux de France, il s'agit également d'un "verdict choquant".
A l'issue de 14 heures de délibération et six semaines d'audience à huis clos, les cinq condamnés ont été reconnus coupables de tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l'autorité publique.
Trois ont été condamnés à 18 ans de prison, un autre à 8 ans de prison, et le dernier à 6 ans. Ils encouraient la réclusion criminelle à perpétuité. Les huit autres accusés ont été acquittés.
"Nous venons d'assister à un naufrage judiciaire (...) alors que l'on sait qu'il y avait 16 assaillants, on se retrouve avec cinq condamnations", a dénoncé Me Thibault de Montbrial, avocat d'une des victimes qu'il a décrite comme "effondrée" par ce verdict.
Au contraire, l'une des avocates de la défense, Sarah Mauger-Poliak a salué "un soulagement pour la défense", et un "démenti cinglant de l'enquête". Elle a annoncé son intention de porter plainte pour "faux en écriture publique" contre des enquêteurs.
"C'est la fin du cauchemar judiciaire pour mon client", déjà acquitté en première instance, a pour sa part déclaré Me Arnaud Simonard. Avec d'autres avocats de la défense, ils dénoncent une enquête marquée par de "graves irrégularités".
- "Niquer des keufs" -
Au premier procès, huit jeunes avaient été condamnés à des peines allant de 10 à 20 ans de prison. Cinq autres avaient été acquittés.
Dimanche, la cour n'a pas suivi les réquisitions de l'avocat général qui avait demandé mardi un seul acquittement et de 12 à 25 ans de réclusion pour les 12 autres accusés, âgés aujourd'hui de 21 à 26 ans.
Les 13 jeunes, âgés de 16 à 21 ans au moment des faits, étaient accusés d'avoir fait partie de la vingtaine de personnes encagoulées qui, le 8 octobre 2016, avaient attaqué en pleine journée deux voitures de police stationnées à proximité du quartier de la Grande Borne,vaste cité d'habitat social considérée comme l'une des plus sensibles d'Île-de-France.
En quelques secondes, ils avaient brisé les vitres et jeté des cocktails Molotov dans les habitacles.
Dans une première voiture, un adjoint de sécurité de 28 ans et une gardienne de la paix de 39 ans avaient pris feu.
Le pronostic vital de l'adjoint avait été un temps engagé et il avait été plongé dans le coma pendant plusieurs semaines. Plus de quatre ans après les faits, il porte encore les marques de l'agression sur son visage.
Deux autres agents avaient été blessés plus légèrement.
"Ces policiers qui étaient dans les voitures, on leur crache à la figure après les avoir brûlés une première fois", a dénoncé à la sortie de l'audience Me Laurent-Franck Lienard, avocat de deux policiers.
Contacté par l'AFP, Jean-Marie Vilain, maire UDI de Viry-Chatillon, s'est dit "en colère et indigné" car "ces sanctions sont très loin de ce qu'on pouvait attendre".