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"Il nous faut réagir" car "le virus est partout en France", a déclaré le chef de l'Etat au cours d'un interview sur TF1 et France 2. "Nous sommes dans une situation qui est préoccupante et qui justifie que nous ne soyons ni inactifs, ni dans la panique", a-t-il ajouté.
"Nous devons prendre des mesures plus strictes" car "il n'y a pas de réserves cachées de lits" et "nos soignants sont très fatigués", a précisé Emmanuel Macron qui s'exprimait dans la salle des fêtes de l'Elysée.
La mesure la plus spectaculaire est l'imposition du couvre-feu total de 21H00 à 06H00 pour au moins quatre semaines à Paris et dans sa région, "où le virus circule très activement" ainsi que dans les métropoles de Lille, Grenoble, Lyon, Aix-Marseille, Montpellier, Rouen, Toulouse et Saint-Etienne.
Ces villes sont les plus touchées par la reprise de l'épidémie depuis la rentrée et le gouvernement prévoit d'étendre le couvre-feu jusqu'au 1er décembre, si le Parlement l'autorisait. Le couvre-feu concerne environ 20 millions de personnes.
"L'objectif c'est de pouvoir continuer à avoir une vie économique, à ce que les écoles, les lycées, les universités soient ouvertes, à ce que nos concitoyens puissent travailler tout à fait normalement et à ce qu'il puisse y avoir une vie sociale mais en réduire les aspérités", a-t-il expliqué.
Au printemps, l'actuelle crise sanitaire a donné lieu à des couvre-feux locaux, la ville de Nice de Christian Estrosi ayant été l'une des premières à annoncer en mars son instauration. Dans la foulée, beaucoup de communes avaient fait de même, plus d'une centaine selon un décompte du Journal du dimanche.
Des amendes de 135 euros seront dressées en cas de non respect du couvre-feu et des dérogations seront accordées, par exemple pour ceux qui "rentrent du travail après 21H00, ou qui travaillent de nuit", a indiqué le chef de l'Etat.
Pas plus de six à table
En revanche, il n'y aura ni restrictions de transport lors du couvre-feu, ni de limites de déplacements entre les régions, a-t-il précisé, en ajoutant que ces mesures n'empêcheront pas les gens de partir en vacances de la Toussaint qui débutent vendredi soir.
"Nous en avons jusqu'à l'été 2021 au moins avec ce virus, tous les scientifiques sont clairs", a prévenu Emmanuel Macron. "Demander aux gens de rester confinés dans un appartement et de ne pas aller dans un lieu de vacances, ce serait disproportionné", a-t-il ajouté.
L'hypothèse d'un couvre-feu avait divisé le gouvernement. Selon une source gouvernementale, au moins quatre ministres, dont des poids lourds, étaient contre, pointant notamment le risque d'une fracture sociale, avec les cols blancs pouvant se réfugier en télétravail à la campagne pendant que les caissières et autres travailleurs en première ligne seraient réduits au métro-boulot-dodo.
Les professionnels de l'hôtellerie restauration indépendante ont prévenu qu'un couvre-feu "condamnerait à la faillite des milliers d'établissements".
C'est surtout dans la sphère privée qu'Emmanuel Macron espère voir les mentalités changer, en demandant aux Français de "ne pas être plus de six à table" dans les réunions privées. Il faut "mettre au maximum le masque, y compris en famille ou entre amis".
Il a par ailleurs préconisé "deux à trois jours de télé-travail par semaine" dans les entreprises où cela est possible, pour "réduire un peu la pression collective". "Il faut que ce soit aussi négocié dans les branches et au plus près dans l'entreprise", selon lui.
Etat d'urgence sanitaire rétabli à tous le pays
Les derniers chiffres montrent encore une aggravation de la situation avec plus de 100 morts et 193 personnes admises en réanimation sur 24 heures. Une résurgence inquiétante de la pandémie qui conduit d'autres pays européens à durcir aussi les mesures pour éviter un confinement dévastateur pour l'économie.
Mercredi, la Catalogne a annoncé la fermeture des bars et restaurants pendant 15 jours, alors que la chancelière Angela Merkel veut imposer de nouvelles restrictions en Allemagne.
Le Premier ministre Jean Castex détaillera les nouvelles mesures lors d'une conférence de presse jeudi après-midi avec les ministres Bruno Le Maire (Economie), Olivier Véran (Santé), Gérald Darmanin (Intérieur) et Elisabeth (Travail).
La mairie de Paris a également prévu de se réunir jeudi après-midi avec la préfecture de police pour "organiser la mise en oeuvre des mesures".
Avant l'intervention du président, le gouvernement a rétabli par décret l'état d'urgence sanitaire, qui avait pris fin le 10 juillet, à partir du 17 octobre à 0H00 sur l'ensemble du territoire national, "afin que les mesures strictement proportionnées aux risques sanitaires encourus puissent être prises". Ce régime offre un cadre juridique permettant d'encadrer certaines restrictions allant jusqu'au confinement.