Partager:
Une fresque provocatrice de l'artiste de rue Combo, peinte sur un mur de Paris, a été recouverte de plusieurs tags extrémistes depuis une semaine et suscite de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.
Le samedi 13 juin, Combo, artiste de rue réputé, a terminé une fresque sur un mur du 11e arrondissement de Paris géré par une association subventionnée par la mairie de Paris. On peut y voir une Jeanne d'Arc casquée et combattante portant sur l'épaule un drapeau rouge "Liberté, égalité, humanité". A côté d'elle, Combo a écrit le slogan d'extrême droite "La France aux Français", qu'il a rayé, écrivant en dessous: "Les Françaises aux Africains". Une manière, dit-il à l'Agence France Presse, de "déconstruire le slogan du Front national". Les réactions n'ont pas tardé.
Ils viennent recouvrir ce qui les dérange et le remplacent par des slogans racistes
Lundi, des hommes, selon les employés du café voisin, sont arrivés avec un seau de peinture grise pour recouvrir en partie les mots "Les Françaises aux Africains". Le Lendemain, Electre, une actrice porno "patriote", se filmait en train de taguer l'oeuvre. Dans le film mis en ligne sur YouTube, on la voit réécrire le slogan "La France aux Français" et y ajouter "collabos" et un slogan contre le racisme anti-Blancs.
Puis jeudi, c'est un slogan raciste anti-Noirs qui était peint en orange au milieu de l'oeuvre.
"Ils sont tombés dans le panneau"
Le collectif "Culture, libertés et créations", créé par le Front national, a pour sa part jugé la fresque "aussi raciste que sexiste, laissant penser que les Françaises doivent s'offrir à tous les immigrés clandestins". "Le but était de faire réagir les gens d'extrême droite et ça n'a pas manqué", a expliqué Combo à l'AFP. "Si ces militants m'avaient ignoré, ils auraient été plus intelligents que moi, mais ils sont tombés dans le panneau."
L'artiste s'est déjà fait agresser dans la rue
Combo est connu pour les affiches "Coexist" mêlant le croissant musulman, une étoile de David et une croix chrétienne, qui ont fleuri dans Paris après les attentats de janvier. Une des ces affiches lui avait valu de se faire agresser dans la rue.
Pour Bob Jeudy, président de l'association le M.U.R. qui gère ce mur avec l'appui d'une subvention annuelle de la mairie de Paris de 17.000 euros, "Combo a voulu provoquer avec un message ambigu et ça a marché". "Je ne suis ni pour ni contre", a-t-il ajouté.
Combo n'a pas porté plainte
Ni l'artiste, qui fait l'objet de nombreuses insultes sur les réseaux sociaux depuis qu'il a peint sa fresque, ni l'association n'ont l'intention de porter plainte.
L'oeuvre de Combo doit être remplacée par la fresque d'un autre artiste, à partir du vendredi 26 juin, comme prévu initialement.