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La compagnie aérienne Ryanair compte reprendre 40% de ses vols à partir de juillet grâce à la mise en place de mesures sanitaires comme le port de masques et des prises de température, mais sans imposer la distanciation sociale.
Le transporteur à bas coût irlandais dit mardi vouloir assurer 1.000 vols par jour vers 90% des destinations desservies avant la crise sanitaire.
Il explique que ce plan est subordonné à la levée par les gouvernements des restrictions sur les vols intra-européens et à la mise en place de mesures sanitaires dans les aéroports.
Lors d'une visio-conférence organisée par le Financial Times, le patron du groupe, Michael O'Leary, a estimé qu'il était possible de "monter à 60% des vols en août et puis de 60 à 70% en septembre". Mais "cela dépendra entièrement de la demande des passagers".
Dans son plan de reprise des vols, Ryanair prévoit d'effectuer des contrôles de température à l'entrée des aéroports, exigera le port du masque avant et pendant le vol et recommandera l'enregistrement en ligne, le téléchargement de la carte d'embarquement sur mobile ou encore de privilégier les bagages en cabine.
La compagnie dit s'inspirer de l'Asie où, selon elle, prises de température et masques ont fait leur preuve sur des vols courts.
En revanche, la distanciation sociale à l'aéroport ou à bord sera simplement "encouragée quand c'est possible", précise le transporteur.
La distanciation à bord n'est pas du goût du secteur. Selon la fédération des compagnies aériennes, elle pourrait faire grimper les prix des billets de plus de 50%.
Chez Ryanair, les services à bord seront en outre revus avec des achats de boissons et de snacks seulement par carte bancaire, tandis qu'il sera interdit de faire la queue pour les toilettes. Les passagers devront désormais se renseigner auprès du personnel de bord avant de s'y rendre.
"Après quatre mois, il est temps que l'Europe vole à nouveau de manière à pouvoir nous réunir entre amis ou en famille, à permettre aux gens de retourner au travail et de relancer le secteur touristique, qui fournit des millions d'emplois", souligne Eddie Wison, directeur général de la compagnie.
- Retour sur les plages ? -
Peu de transporteurs en Europe osent toutefois être aussi précis sur la reprise des vols.
Air France table sur un retour progressif mais pas chiffré à ce stade.
Le ministre de la Santé Matt Hancock a douché les espoirs de vacances au soleil attisés par M. O'Leary. "Il est peu probable que des grandes vacances internationales soient possibles pour cet été", a-t-il insisté sur la chaîne ITV.
Ryanair avait annoncé début mai la suppression de 3.000 emplois, condition pour "survivre" au coronavirus. La plupart de ses concurrentes au Royaume-Uni ont également annoncé des milliers de licenciements, à l'instar de British Airways et Virgin Atlantic.
La compagnie irlandaise avait alors prévenu qu'un retour à la normale, c'est-à-dire un programme de vols similaire à ce qui prévalait avant la pandémie, ne serait pas envisageable avant l'été 2022. British Airways table sur plus tard encore.
Le secteur aérien britannique s'inquiète en outre de la décision du gouvernement d'imposer une période de quarantaine pour les voyageurs arrivant par avion au Royaume-Uni, une mesure qualifiée d"idiote" par M. O'Leary sur ITV, "surtout quand sont exemptés les Français et les Irlandais". L'Espagne envisage toutefois une mesure similaire.
Malgré les difficultés du secteur, Ryanair s'oppose fortement à des plans d'aide spécifiques au secteur aérien.
La compagnie a saisi la justice européenne concernant les aides accordées à la compagnie scandinave SAS et aux compagnies françaises sous forme de report de taxes, a indiqué à l'AFP le directeur commercial David O'Brien. Il s'agit d'une "distorsion" de concurrence, a-t-il estimé.
Enfin, Ryanair, par la voix de M. O'Leary mardi, a jugé "délirante" l'idée de l'autorité britannique de l'aviation civile d'engager de possibles poursuites contre les compagnies qui tardent à rembourser les passagers dont les vols ont été annulés en raison de la pandémie. La compagnie affirme qu'il est impossible de traiter des millions de demandes rapidement.