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Ryanair a annoncé l'annulation de 190 vols vendredi à cause d'une nouvelle grève de son personnel de cabine en Europe, nouveau temps fort d'une contestation endémique que la compagnie aérienne peine à stopper.
"Ryanair s'excuse auprès des 30.000 clients (sur 450.000) qui devraient être affectés par ces perturbations injustifiées" et qui concerneront 8% de ses vols, a expliqué dans un communiqué l'entreprise irlandaise, rejetant la responsabilité de ces annulations sur "une infime minorité du personnel de cabine en Espagne, en Belgique, aux Pays-Bas, au Portugal, en Italie et en Allemagne".
La compagnie aérienne à bas coût a été frappée par plusieurs grèves depuis cet été, point culminant d'une grogne sociale endémique depuis un an qui l'a contrainte à engager des négociations avec des syndicats ces derniers mois, ce qu'elle avait refusé de faire pendant ses 30 premières années d'existence.
"Ces grèves répétées et inutiles endommagent l'activité de Ryanair et la confiance des clients, au moment où les prix du pétrole bondissent. Si elles continuent, nous seront contraints de revoir la croissance de notre activité pour cet hiver et l'été 2019", a prévenu Kenny Jacobs, le directeur marketing de Ryanair.
La compagnie laisse entendre ainsi qu'elle pourrait réduire l'ampleur de son développement dans les mois à venir. La direction de Ryanair a déjà menacé de représailles directes sur l'emploi les syndicats qui appelaient à la grève, par exemple en Irlande où un compromis a finalement été trouvé mais aussi en Allemagne.
"Nous espérons que les syndicats retrouveront la voie du bon sens et travailleront avec nous pour finaliser des accords dans les semaines à venir, dans l'intérêt des pilotes et des personnels de cabine et sans perturber davantage nos clients et nos vols", a martelé M. Jacobs.
La première compagnie aérienne européenne a aussi souligné que plus de 90% de ses 2.400 vols prévus vendredi ne seraient pas affectés.
Les syndicats réclament de meilleures conditions de travail et l'emploi de chaque salarié via un contrat relevant de son pays de résidence - alors que Ryanair emploie une bonne part de son personnel via des contrats de droit irlandais.
- Doutes des investisseurs -
Si la compagnie ne supprime que 190 vols vendredi, le mouvement pourrait alors donner des signes d'essoufflement.
Cet été, la compagnie a subi deux vastes mouvements d'arrêt du travail de ses employés coordonnés dans plusieurs pays européens: chez les personnels de cabine fin juillet (600 vols annulés et 100.000 passagers touchés) puis chez les pilotes au coeur du mois d'août (400 vols annulés et 55.000 passagers touchés).
La compagnie a toutefois conclu plusieurs accords sociaux avec des syndicats dernièrement, notamment au Royaume-Uni et en Irlande, acceptant des augmentations de salaires et des améliorations des conditions de travail.
Mardi, elle a signé un accord avec trois syndicats du personnel navigant en Italie - mais d'autres représentants de salariés continuent néanmoins d'appeler à la grève dans ce pays vendredi.
Les turbulences sociales chez Ryanair ont quelque peu atteint aussi la confiance des investisseurs et le cours de l'action de la compagnie a décroché de 20% depuis un an à la Bourse de Dublin.
Jeudi dernier, le président de la compagnie, David Bonderman, a subi un véritable camouflet lors d'une assemblée générale des actionnaires: une minorité de presque 30% s'est opposée à sa réélection au conseil d'administration, un taux remarquablement élevé dans l'univers feutré de ce genre de conclave.
Le directeur général de la compagnie, Michael O'Leary, a en revanche été réélu très confortablement, avec 98,5% des suffrages. Ce personnage volontiers provocateur, indissociable du succès de Ryanair depuis presque 25 ans, a toutefois laissé entendre qu'il pourrait ne pas renouveler son contrat pour cinq ans quand celui-ci viendra à échéance en 2019.