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Emmanuel Macron compte sur le projet de loi climat, présenté mercredi en Conseil des ministres, pour "verdir" le bilan de son quinquennat à un an de la présidentielle, mais il peine à convaincre face au feu croisé des critiques des écologistes et des milieux d'affaires.
Pour le chef de l'Etat, le texte "climat et résilience" représente la finalisation du pari qu'il avait lancé au printemps 2019 en annonçant la création de la Convention citoyenne pour le climat (CCC).
Depuis, Emmanuel Macron s'est à plusieurs reprises engagé vis-à-vis des 150 citoyens tirés au sort, qu'il a rencontrés à trois reprises.
"C'est clairement l'un des textes de loi sur lesquels il s'est le plus investi", souligne un conseiller.
C'est aussi l'un des sujets sur lesquels il se montre très chatouilleux lorsque son action est mise en doute. "Je n'ai pas de leçons à recevoir!", lance-t-il le 4 décembre sur le média en ligne Brut. "Aucun gouvernement n'a fait autant pour l'écologie!", affirme-t-il ensuite lors de sa dernière rencontre avec les membres de la CCC à la mi-décembre.
Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, affirme que le projet de loi reflète près de la moitié des 149 propositions de la CCC, avec notamment la fin de la location des passoires thermiques en 2028.
"Je suis vraiment très en colère contre des activistes qui m'ont aidé au début et qui disent maintenant qu'il faudrait tout prendre", s'était écrié en décembre Emmanuel Macron, en faisant référence aux militants qui regrettent que l'ensemble des propositions ne soit pas retenu tel quel.
Cette incompréhension dure depuis le début du quinquennat. "Pour les écologistes, on n'en fera jamais assez. Et pour beaucoup d'autres, notamment dans l'industrie, on en fait trop", constate un membre du gouvernement.
"Le compte n'y est pas", regrettent ainsi mardi une centaine d'associations de défense de l'environnement ou de lutte contre la pauvreté, dont Greenpeace, la Fondation Nicolas Hulot, la Fondation Abbé Pierre ou la CFDT. En appelant Emmanuel Macron à "redonner vie à l'ambition initiale de ce projet de loi".
- "Acceptables" -
Pour leur part, les milieux d'affaires s'inquiètent de dispositions du texte qui pourraient entraver l'activité économique dans le contexte déjà préoccupant de la crise du Covid-19. Sont cités le délit d’écocide, l'interdiction de la publicité pour les énergies fossiles ou celle des vols sur toute liaisons de moins de 2H30 en train. "Le secteur aérien traversant une crise historique, ce n'est pas avec de nouvelles contraintes qu'il sortira la tête de l'eau pour un gain environnemental très minime", affirme un industriel.
Face aux 150 citoyens, Emmanuel Macron avait insisté sur le fait que "les choix pris pour l'écologie" devaient "être acceptables pour les Français", rappelant que la CCC était "justement née parce que la taxe carbone n'avait pas été acceptée par nos concitoyens", débouchant sur la crise des "gilets jaunes".
"L'équilibre est subtil à trouver", souligne le député LREM Jean-Charles Colas-Roy. Car "il faut concilier l’ambition des citoyens, le respect des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et la nécessaire prise en compte de la crise".
En raison de la diversité des enjeux, le débat parlementaire, prévu sur trois semaines à la fin mars, s'annonce ardu. "Ce sera le dernier texte compliqué du quinquennat", prévoit un membre du gouvernement, en craignant "une foire aux amendements" qui pourraient déborder du texte pour porter sur les sujets inflammables de la 5G ou du glyphosate.
Ces questions devraient être soulevées par la gauche et les écologistes, forts de leurs succès aux dernières municipales, tandis que Les Républicains promettent d'"être dans une logique offensive" pour promouvoir une "écologie incitative et non punitive". Le Rassemblement national prône pour sa part une écologie "enracinée" en cohérence avec son discours identitaire.
Avant ce texte, l'Assemblée nationale se penchera le 9 mars sur un autre pari d'Emmanuel Macron: le projet d'organiser un référendum pour intégrer la protection de l'environnement dans la Constitution.