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Les Grottes de Han, visitées par des touristes du monde entier, suscitent également l'intérêt des scientifiques. Un échantillon prélevé il y a quelques années sur une imposante stalagmite permet d’étudier le réchauffement climatique à travers les siècles. "Proserpine est l’une des stalagmites les plus actives de la grotte, elle est alimentée toute l’année et a une vitesse de croissance assez rapide, qui est à peu près d’un millimètre par an. Le dessus est contemporain, donc on a vraiment pu remonter en faisant les datations, jusqu'à l’âge des Romains", explique Guy Evrard, conservateur des Grottes de Han-sur-Lesse.
La grotte, un milieu très stable
Au fil du temps, l’eau venue de l’extérieur s’infiltre à travers la paroi rocheuse. Les concrétions de calcite s’accumulent par fines couches, formant la stalagmite. "Les éléments que l’eau va rencontrer vont se retrouver dans la calcite. Et vu que dans une grotte, le milieu est très stable – il n’y a pas de tremblements de terre, il n’y a pas d’effets climatiques – ce qui est dans la calcite peut rester pendant 10.000, 15.000 ans", ajoute le conservateur.
Des couches plus épaisses puis plus fines
Faire parler les éléments piégés dans les stalagmites, c’est le travail de Sophie Verheyden, géologue de l'Université Libre néerlandophone de Bruxelles (VUB). "On voit les couches nettement plus épaisses, au XVIIe siècle, et puis, petit à petit, les couches deviennent nettement plus fines vers la fin du XVIIIe siècle".
Réchauffement climatique et moins de précipitations
Ces couches de plus en plus fines montrent une évolution climatique depuis 1850. "Le réchauffement climatique, on le voit surtout dans la tendance de l’oxygène et du carbone, qui nous montre qu'il y a une tendance au réchauffement. Mais surtout, la stalagmite montre des changements en hydrologie. On l’a interprété comme étant le témoin de moins de pluie qui tombe", ajoute la géologue.
Les stalagmites permettent de retourner dans le passé
Difficile pour l’instant de quantifier l’augmentation des températures. Mais de nouvelles techniques pourraient le permettre à l’avenir. "Ce qui est intéressant, c’est que les stalagmites étaient là bien avant nous, et donc on peut retourner dans le passé pour voir comment les choses ont évolué et comment elles continuent à évoluer aujourd'hui".
Cette compréhension du passé devrait permettre d’améliorer les modèles climatiques du futur. L’activité humaine, ainsi que la pollution qu'elle engendre, sont enregistrées dans les stalagmites.