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En charge d'une unité Covid lors de la première vague, Antoine Froidure, pneumologue à Saint-Luc et professeur à l'UCLouvain, a lancé une étude sur les patients hospitalisés et la taille de leurs télomères, les fragments d'ADN à l'extrémité des chromosomes qui rétrécissent au fil des divisions cellulaires. Il a travaillé en collaboration avec le laboratoire d'épigénétique d'Anabelle Decottignies, qui disposait d'une base de données de référence de 491 personnes, dont les télomères avaient été mesurés grâce à une technique de fluorescence novatrice mise en oeuvre aux cliniques Saint-Luc.
Sur les 70 patients Covid+ de 27 à 96 ans testés, 40% ont des télomères plus courts que 90% des personnes de leur tranche d'âge dans le groupe témoin. "Avoir des télomères courts prédispose à développer des formes plus graves", conclut Anabelle Decottignies. "La longueur des télomères diminue avec l'âge, mais est aussi déterminée par des caractéristiques génétiques et peut être altérée par l'environnement, le mode de vie." "Cette recherche est une des premières à essayer de démontrer un mécanisme par lequel les gens développent des formes sévères", ajoute Antoine Froidure. "Elle explique en partie pourquoi les personnes âgées sont plus à risque, à cause des télomères plus courts avec l'âge, mais aussi en partie les variations du risque chez des jeunes", conclut-il.
Anabelle Decottignies est maître de recherche FNRS. Avec son équipe, qui est notamment financée par le Télévie, elle étudie les télomères dans le cadre de la recherche contre le cancer et plus particulièrement les ostéosarcomes (cancer de l’os) chez l’enfant. Nous l’avons interviewée à ce sujet en septembre dernier.