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Les hôpitaux de moins en moins capables d'accueillir les enfants en détresse psychologique. Les services de pédopsychiatrie sont débordés. Des proches d'une jeune fille de 12 ans qui avait tenté de se suicider nous ont contactés via notre bouton orange alertez nous: "Nous sommes aux urgences avec une ado de 12 ans qui ne se gère plus, veut se suicider et a fait une tentative sérieuse il y a deux semaines suite à quoi elle a passé deux jours en soins intensifs. L’ hôpital ne peut pas la prendre en charge... Nous demandons désespérément de l'aide. Aucun lit en pédopsychiatrie ... Vers qui faut-il se tourner ? Dans quel système vit-on pour en arriver là ?"
L'hôpital n'aurait pas pu la prendre en charge faute de place.
Son grand-père confirme, la gravité de la situation: "Nous sommes ici avec une bombe. Tout le monde est sur le pied de guerre. Tout le monde a les nerfs à vif. Les parents sontsur les genoux, fatigués, épuisés. La jeune fille pète les plombs tout le temps".
Emmanuel De Becker est chef de service en pédopsychiatrie aux cliniques Universitaires Saint-Luc à Bruxelles. Il lance un appel: "Nous pouvons tout à fait comprendre que des parents ou des proches d'un jeune se tournent vers les structures d'urgences. Nous avons tenté de libérer quelques moyens en personnel pour pouvoir accueillir valablement ces situations. Toutefois, le nombre augmente significativement et nous n'avons pas les moyens pour faire face à l'ensemble de ces demandes qui sont quotidiennes".
Faute de place en pédopsychiatrie dans les hôpitaux, des adolescents se retrouvent parfois dans des structures pour adultes. Cela s’est passé l’an dernier en Flandre. En septembre une jeune fille de 11 ans, a été internée de force dans un centre psychiatrique pour adultes à Gand. Aucune place n’était disponible dans des services de psychiatrie infanto-juvénile. Selon la loi, les enfants de moins de 16 ans ne peuvent pas être admis en psychiatrie adulte sauf si une mesure d’internement forcé est prise par un juge de la jeunesse. C’est une situation à éviter, de l’aveu même de la justice et des pédopsychiatres.
Il est donc urgent aujourd'hui de repenser nos systèmes d'urgences pédopsychiatriques par rapport aux enfants et aux adolescents. Donc de pouvoir être entendu par les autorités fédérales.
Selon les chiffres du SPF Santé publique, il y a en tout 2282 lits en pédiatrie en Belgique actuellement.
La justice peut-elle faire quelque chose?
Denis Goeman, porte-parole du parquet de Bruxelles donne une réponse au micro de notre journaliste Bernard Lobet: "Il faut encourager les personnes qui ne sont pas forcément à même de traiter ce type de cas. Le jour où on est confronté à des cas psychologiques quelques fois compliqués et bien il y a des personnes qui peuvent aider, qui entourent, encadrent, notamment au niveau des services d'aide à la jeunesse et si ce n'est pas possible de travailler avec le service d'aide à la jeunesse, et bien le juge lui-même peut prendre des mesures, mais aussi dans le but évidemment que la personne aille mieux et je pense qu'il faut effectivement éviter d'être parfois totalement livré à soi-même dans le cadre de ce type de problème psychologique. C'est bien d'être encadré."