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Pendant la période la plus intense du Covid-19, certains médecins ont eu énormément de travail. Mais d’autres beaucoup moins, notamment parce que les opérations non-urgentes ont été postposées jusqu’au 4 mai et qu’elles n’ont pu reprendre que progressivement. Des consultations et des traitements n’ont également pas eu lieu.
De l’argent avancé qu’il va falloir rembourser
L’assurance maladie-invalidité, l’INAMI, a jusqu’à présent avancé de l’argentaux hôpitaux pour qu’ils puissent payer les médecins qui n’ont pas travaillé ou beaucoup moins pendant la crise. "Les hôpitaux ont reçu un prêt financier de manière à pouvoir payer leur personnel puisque sinon, ils n’étaient même plus capables de payer les salaires du mois de mai et du mois de juin", explique Philippe Devos, le président de l’Absym, l’association des syndicats médicaux.
Mais ce n’est pas une compensation : il faudra rembourser. "On ne compense pas un manque à gagner. On avance l’argent pour éviter la faillite mais tout sera régularisé", ajoute Gilbert Bejjani, le secrétaire général de l'Absym.
Un mécanisme de solidarité entre médecins
Pour aider les médecins qui n’ont pas ou peu travaillé pendant la crise, la plupart des hôpitaux sont en train d’installer une sorte de mécanisme de solidarité d’ici la fin de l’année, témoigne M. Devos. "L’ensemble des présidents de conseils médicaux avec qui j’ai discuté, tout le monde a lancé un système d’aide. Donc je pense que ce système d’aide est universel."
Son principe peut varier. Au CHC de Liège par exemple, où travaille M. Devos, "nous avons décidé d’utiliser le revenu moyen médical et de s’assurer que personne ne tombera en dessous de 80% du revenu médian du médecin du CHC. Cela va permettre qu’il n’y ait pas de grande différence de rémunération cette année entre les médecins de l’hôpital".
Vers des augmentations d'honoraires chez les médecins non-conventionnés
Mais pour financer tout cela et rembourser l’INAMI, les hôpitaux sont sous pression. Evelyne Magerat, secrétaire permanente du syndicat CNE, en témoigne : "Il y a une pression du corps médical qui dit allez-y, il faut relancer l’activité, il faut y aller, il faut des consultations, il faut des interventions."
Elle craint des dérives : "Des médecins vont dire : « Si tu veux être opéré plus vite, il va falloir dédommager. » Ça risque effectivement d’avoir des conséquences sur l’augmentation des honoraires non-conventionnés des médecins." Une augmentation générale des tarifs aurait de graves conséquences sur le système de santé belge : "Ça va très clairement mener à une forte augmentation des assurances privées et la commercialisation des soins de santé", craint Mme Magerat.
Pour éviter une telle situation, il faudrait refinancer les soins de santé. Au moins temporairement au regard de la crise. "On est en train de plancher actuellement avec l’INAMI et le cabinet de la ministre pour voir si on peut obtenir un soutien financier mais les débats viennent de commencer", tempère Philippe Devos.
Test-Achats met en garde : préférez les médecins conventionnés
Test Achats a reçu via sa plateforme Stop Abus Corona et son numéro 0800 29 510 plusieurs plaintes pour supplément chez le dentiste. Entre 20 et 50€ de plus pour payer les mesures d’hygiène. Une plainte a aussi été relevée concernant un supplément d’honoraire chez un médecin généraliste. Certaines de ces plaintes ont été reçues après la date d’interdiction du supplément “corona” (le 4 mai). Et des médecins non-conventionnés ont augmenté leurs tarifs pour rattraper le manque à gagner des derniers mois.
"Le secteur des soins hospitaliers était sous pression déjà avant la crise du corona. Aujorud’hui avec le passage de cette crise ils ont dû faire face à de nouvelles obligations, de nouvelles charges, de nouveaux frais, et donc il faudra être très attentifs à l’évolution à la fois des prix, des tarifs, et des suppléments d’honoraire. Certains médecins veulent rattraper le temps perdu donc il faut être très attentif. La problématique de la chambre 1 lit sur laquelle on peut imposer tous les suppléments possibles et imaginables, ça reste une problématique qu’on a déjà signalée par le passé et qui risque de prendre peut-être encore plus d’ampleur suite à la nécessité d’un rattrapage via ce poste", craint Jean-Philippe Ducart, le directeur de la communication de Test-Achats.
D’où ce conseil : préférez prendre un médecin ou spécialiste conventionné. "Bien s’informer avant à la fois de la liste des médecins conventionnés, de la liste des tarifs, et d’éviter ainsi d’éventuelles surprises ou suppléments d’honoraires."