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Mythiques dans nos contrées il y a une vingtaine d'années, les GSM Nokia de type 3210, 3310 ou 3410 ont équipé de nombreux Belges. En 2017, la marque a été ressuscitée, et revient avec un 3310 remanié (59€), et des smartphones sous Android (dont le Nokia 3 à environ 149€). Nous avons pu les essayer.
C'est une longue saga qu'on résumera en une phrase: Nokia était le roi du GSM dans les années 1990 et 2000, il a raté le virage du smartphone initié par l'iPhone en 2007, il a tenté de rattraper le coup avec des Lumia sous Windows Phone un peu plus tard, Microsoft l'a racheté pour faire de Lumia sa marque de smartphone, mais ça n'a rien donné…
Le groupe Nokia, actif dans les télécoms (réseaux), n'a jamais cessé d'exister. C'est sa division "smartphone" qui a été revendue à Microsoft, puis à HMD Global, une entreprise finlandaise qui tente de ressusciter l'esprit Nokia…
La société est composée d'anciens noms de la téléphonie en provenance de Microsoft ou HTC. Mais finalement, elle ne fait qu'exploiter commercialement la marque Nokia, car c'est bien le géant taïwanais Foxconn (qui assemble les iPhone, notamment) qui se charge de la fabrication et même du pôle recherche et développement.
Difficile de savoir au final qui imagine et conçoit réellement les smartphones Nokia, entre les Asiatiques et les Scandinaves.
Bleu foncé et gris, rempli de touche: il est de retour, le 3310
De la nostalgie, surtout
Quoi qu'il en soit, HMD Global a fait un petit buzz il y a quelques mois en annonçant une version 2017 du célèbre 3310, un GSM basique qu'un Belge sur trois (environ…) a acheté il y a une vingtaine d'années.
Un appareil iconique, car son prix était raisonnable pour l'époque (plus de 10.000 francs / 250€ tout de même), ses fonctions standards (SMS, téléphone, réveil) et son jeu mythique (Snake). Il était disponible en plusieurs couleurs mais son bleu royal était la plus courante. Simple et stable, on pouvait le laisser tomber sans crainte: au pire, sa coque arrière sautait, tout comme sa batterie, mais il suffisait de tout remettre en place.
Une batterie qui tenait au moins une semaine. La belle époque.
Usage principal: SMS (pas de WhatsApp...) et appels vocaux
Le Nokia 3310 version 2017, un "bête" téléphone à 59€
Passé l'effet nostalgique, interrogeons-nous sur l'intérêt d'un tel appareil. Dans des pays comme les nôtres, avec une excellente 4G, cela a-t-il encore du sens d'acheter un téléphone basique (aussi appelé 'feature phone') à 60€, alors qu'on trouve des petits smartphones sous Android de qualité raisonnable pour environ le double?
C'est en tout cas ce qu'ont choisi de faire les nouveaux propriétaires de la marque Nokia. Au lieu de faire un smartphone solide, ils ont fait du 3310 un "bête" téléphone avec lequel on va principalement passer des appels et envoyer des SMS.
Le 3310 version 2017 est donc un appareil non tactile, avec un clavier de numéros uniquement. Pour écrire du texte, il faut donc, comme il y a 10 ans, appuyer une ou plusieurs fois sur un numéro, et souvent attendre si un 'e' suit un 'd', par exemple. Fastidieux, même si la fonction 'dictionnaire T9' est toujours d'actualité…
Son interface maison n'a que la police d'affichage comme point commun avec le 3310 de l'an 2000. Elle s'appelle 'Nokia Serie 30+'.
L'écran d'accueil et les boutons sont autant de clin d'œil au passé. Mais il y a des icônes modernes dans le menu, pour accéder aux "applications" de l'appareil. Tout est simplifié à l'extrême au niveau de la navigation avec les boutons et le curseur, car l'écran de 2,4 pouces non tactile n'affiche que 320 sur 240 pixels (contre 1920 x 1080 sur la plupart des smartphones actuels).
Bref, on voit surtout des gros pixels de 256 couleurs.
Un "internet" d'un autre âge, au niveau de la vitesse et de la navigation
De la 2G uniquement, mais (un peu de) internet mobile
Le Nokia 3310 peut théoriquement aller sur internet. Il n'a pas de puce Wi-Fi, donc il faudra passer par le réseau mobile, mais dans sa version 2G (très, très lente, donc). Un choix délicat car les antennes 2G sont progressivement remplacées par des plus performantes dans les pays dits développés. Mais lors de notre test, cela a fonctionné.
Quoi qu'il en soit, pour ceux qui s'en souviennent, ça fait penser à la période WAP, les prémisses de la 3G. On affiche très mal les sites web via un navigateur minimaliste (Opera Mini). Pour faire défiler les pages ou entrer une URL, tout passe par le clavier des numéros et le 'curseur' sous forme de bague très fine. Bref, une grande perte de temps pour un résultat quasiment inexploitable.
Via Opera Mini, on peut télécharger quelques applications en Java, peu connues, et peu praticables. On a bien trouvé Facebook dans la liste, mais il est impossible de le télécharger sur notre téléphone, "pas compatible".
Parmi ces applications, surtout des petits jeux, on trouve le mythique Snake remis au gout du jour, et préinstallé. Il est même en couleurs, mais il nous a semblé nettement moins facile qu'auparavant.
Les photos, c'est pas trop son truc...
Photo limitée, mais autonomie au top
Côté photo, c'est forcément très limité. 2 MP, c'est plus que l'affichage de l'écran, mais on ne sait pas faire grand-chose si on la télécharge sur un ordinateur, tellement il y a des pixels visibles à l'écran même en plein jour.
La mémoire interne est de 16 MB, donc il vaut mieux prévoir une carte microSD (maximum 32GB), pour les photos surtout, et pour la musique si vous avez encore des MP3 qui trainent (oubliez Spotify ou Deezer).
Musique que vous pourrez tout de même écouter sur un casque classique (prise mini-jack) ou une enceinte Bluetooth !
Le gros point fort du Nokia 3310, c'est qu'il tient la distance, encore mieux que son aïeul. En l'utilisant assez peu, il est vrai, il était encore à la moitié de son autonomie après deux semaines. Après une journée d'utilisation assez intensive, rien n'a changé ou presque. La 2G, un petit écran, un petit processeur: voilà les secrets d'une batterie longue durée, alors que celle-ci n'est que de 1.200 mAh, contre environ 3.000 pour la plupart des smartphones.
Le Nokia 3 sous Android
Un Nokia 3 qui ne restera pas dans les annales
A côté de ce 3310 plus nostalgique que pratique, HMD Global, qui exploite la marque Nokia, se repose sur Android pour sa ligne de smartphone. On parle d'un Nokia 3, 5 et 6 pour l'instant. Un 8, plus haut de gamme, serait dans les cartons.
Le Nokia 3 que nous avons pu essayer est un smartphone entrée de gamme à 149€, sous Android 7, la dernière version disponible (si on oublie les ajouts intéressants de la version 7.1) du très populaire système d'exploitation de Google.
Et il est plutôt bien construit: son design rappelle les Lumia de l'époque, et la finition plastique/métal est de bonne facture pour cette gamme de prix. Il faut faire l'impasse sur le lecteur d'empreinte digital, devenu pourtant essentiel en 2017.
Ce sont à peu près les seules qualités de ce smartphone, qui devra être soutenu par une solide campagne marketing pour trouver son public en Belgique, car la concurrence est féroce dans cette gamme de prix. D'autres acteurs comme Huawei, Samsung ou Lenovo sont présents depuis longtemps dans ce segment; et s'ils ne font pas tellement mieux, ils ont le mérite d'être présents depuis longtemps dans nos rayons.
Car que ce soit au niveau de la fluidité de l'interface, de la qualité des photos ou de l'autonomie, le Nokia 3 est vraiment dans l'entrée de gamme Android. Une expérience assez moyenne, donc, ni bonne, ni mauvaise.
Conclusion
On croyait Nokia enterré pour de bons, ou limité aux infrastructures réseaux. Hé bien non: la marque a ressuscité sous le giron du finlandais HMD Global, qui l'exploite commercialement dans le monde, même si elle en confie la conception et la fabrication au géant asiatique Foxconn.
La marque a choisi de ressusciter le 3310 pour faire le buzz en début d'année. Mais ce petit téléphone basique (59€), limité principalement au SMS et aux appels vocaux, décevra les nostalgiques car il a perdu de sa solidité originale. C'est finalement un "bête petit téléphone" comme les autres... On n'a pas essayé de le laisser tomber, mais il est clair qu'il est moins résistant que son aïeul de l'an 2000. De plus, se priver d'un smartphone en 2017, vu les prix en baisse constante que ce soit au niveau des appareils ou des abonnements à l'internet mobile, est une drôle d'idée. Sauf si votre seul critère est l'autonomie: comptez sur une grosse semaine !
Quant au Nokia 3, un smartphone entrée de gamme sous Android 7 (149€), on n'a rien à lui reprocher, mais il aura bien du mal à se faire une place auprès du public belge, envahi de proposition depuis quelques années. Des Nokia sous Android plus haut-de-gamme vont arriver, et on verra ce qu'ils proposent de différent.