J'ai pu essayer le Mate Xs et discuter avec quelques responsables belges de Huawei. Le géant chinois des télécoms prépare l'ère "post Google" et continue de sortir de nouveaux smartphones. Avec des limitations logicielles qui bougent sans cesse.
Chez Huawei, la situation est toujours très confuse. Le blocage de l’administration américaine (qui soupçonne une forme d’espionnage) l'empêche toujours d’intégrer les applications et services de Google, et a priori de n’importe quelle entreprise US (ou même ayant des liens avec des technologies US).
Raison pour laquelle on entend peu parler de Huawei et que les rayons des boutiques se remplissent d’autres marques, avec un petit nouveau attendu en Belgique prochainement: le chinois Oppo, dans le top 5 mondial depuis des années.
Privé des services de Google, Huawei ressort des vieux téléphones (mon explication dans cet article) et prépare l’après Google. Il a décuplé les moyens octroyés au développement de ses propres services, les HMS (Huawei Mobile Services). Le défi est immense, mais il est relevé par le géant chinois des télécoms : devenir "la première vraie alternative depuis 10 ans" face aux écosystèmes d’Apple (AppStore, etc…) et Google (PlayStore, etc…). 1 milliard de dollars sont distribués par Huawei pour améliorer l’encadrement et le soutien des développeurs qui prendraient la peine de modifier leurs applications pour qu’elles soient compatibles avec les HMS, et distribuées sur l’AppGallery, le magasin d’applications de Huawei.
Confiante, l’entreprise chinoise continue donc de commercialiser de nouveaux smartphones. Le Mate 30 Pro n’est pas vraiment sorti en Belgique mais bien en Chine, où les services et applis de Google n’ont jamais existé. Ce lundi, le Mate Xs a été présenté par Huawei. C’est la deuxième version du Mate X qui n’est finalement jamais sorti en Europe. Il s’agit d’une mise-à-jour, comme son nom l’indique.
Une impression de plastique
Au niveau du design, seule la charnière est nouvelle : le format est identique, à savoir un écran carré qui se plie en deux pour avoir la taille et la forme d’un smartphone normal (quoique un peu épais). Pour ouvrir le smartphone, il faut pousser sur un bouton (voir plus bas). Pour le ferme, il faut le plier jusqu'au 'clic'. Tout semble assez solide.
L'écran a toujours une diagonale de 8 pouces, ce qui est très confortable pour lire des pages web. J’ai pu manipuler brièvement le Mate Xs au moment du lancement (voir un exemple avec le site de RTL info, ci-dessus), et c'est en effet assez pratique.
Ce qui frappe d’emblée avec le Mate Xs, c’est qu’on a vraiment peur de le déposer. Logique : contrairement au Fold ou au Flip de Samsung, l’écran se plie vers l’intérieur. Une fois replié, vous avez deux faces d’écran, donc forcément toujours une qui sera en contact avec votre main, la table, etc. Avantage: replié, il est utilisable comme smartphone 'normal', avec une face allumée en guise d'écran au format traditionnel.
J’ai aperçu un exemplaire d’un employé de Huawei (un Mate X qui a servi quelques mois) et il y a pas mal de petites griffes sur le polymère double couche ("trois fois plus cher que l’or", selon le patron de Huawei) qui recouvre l’écran.
L'impression de plastique est d'ailleurs omniprésente, et on le voit bien au milieu de l'écran, au niveau de la charnière. L'écran se plie et on aperçoit bien le plastique. C'est un peu perturbant :
Grosse fiche technique, gros prix
L’interface EMUI 10 s’est adaptée pour améliorer le mode multifenêtres, soit la possibilité d’afficher plusieurs applications simultanément et même, par exemple, de copier/coller du texte ou une image d’une appli à l’autre.
A l’intérieur, c’est la fête : nouvelle puce Kirin 990 5G (elle serait plus petite et plus rapide que la solution 5G de Qualcomm), 512 GB de stockage interne, 12 GB de RAM, batterie à charge très rapide (55W), trois caméras et un capteur de profondeur.
Le prix aussi est festif : 2.499€. Un appareil de niche qui sera vendu en Belgique "dans quelques magasins sélectionnés", et dans la boutique Huawei officielle de Bruxelles.
Et l'AppGallery ?
Le nœud du problème pour Huawei, on l'a dit, c'est d'être privé des services et applications de Google. Dès lors, Huawei les remplace par l'AppGallery (magasin d'applications) et les HMS (Huawei Mobile Services).
Je l'ai dit, les moyens déployés sont immenses pour convaincre les entreprises de publier une version adaptée aux HMS de leur application.
Nouvelle campagne de communication, nouveau logo ("explore it on Huawei AppGallery"): ce magasin attirerait de plus en plus de développeurs.
Reste une question: les applications américaines sont-elles disponibles ? Il y a quelques semaines, la réponse était "non". Mais elle a déjà changé. J'ai pu m'entretenir avec un responsable local des HMS, et il m'a montré, dans l'AppGallery, des versions de Facebook et WhatsApp officielles.
En réalité, quand on tape Facebook dans le champ de recherche du magasin, on tombe sur des résultats bizarres, mais en haut de la liste, il y a le "lien" qui pointe vers les sites de Facebook ou WhatsApp, où on pourra télécharger les .apk (fichiers d'application) officiels. Une manipulation assez simple, et qui permettra d'utiliser les applications américaines réécrites pour fonctionner avec les HMS et non les GMS (Google Mobile Services) :
Il semblerait donc – mais la situation évolue sans cesse – que Facebook (qui détient aussi WhatsApp et Instagram) ait obtenu une dérogation du sénat américain pour pouvoir collaborer avec Huawei et développer une version compatible. Quand ces applications seront officiellement dans l'AppGallery (et non sous forme de lien), une partie des problèmes de Huawei en Europe sera résolue.
Rappelons que Microsoft a le droit de collaborer avec Huawei car il a, lui aussi, obtenu une licence. Les nouveaux ordinateurs portables (MateBook X et D) sont donc équipés de Windows.
D'autres photos du Mate Xs :
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