Figure familière des écrans dans les années 60 et 70, Marie-José Nat, décédée jeudi à Paris, a mené une carrière autant au cinéma qu'à la télévision, tournant sous la direction de Henri-Georges Clouzot, Gérard Oury ou Claude Autant-Lara.
Cette beauté délicate, aux yeux aussi noirs que sa chevelure, avait reçu en 1974 le prix d'interprétation féminine à Cannes pour "Les Violons du Bal" de Michel Drach, histoire autobiographique du réalisateur avec qui elle vécut plus d'une décennie.
Marie-José Benhalassa nait à Bonifacio le 22 avril 1940. Elle restera toute sa vie attachée à l'île de Beauté. Son père est un militaire kabyle et sa mère une bergère corse. La famille de cinq enfants vit chichement.
Très jeune, elle part à Paris suivre une formation au cours Simon, bientôt suivie à la capitale par toute sa famille. "Je voulais à tout prix être comédienne, même si mon père n'y croyait pas vraiment. Il m'avait dit : +?Ça ne fait rien si tu perds, nous aurons fait un beau voyage depuis la Corse+", dira-t-elle bien plus tard.
Mannequin à ses débuts, Marie-José, qui a choisi un pseudonyme en raison des nattes qu'elle porte alors, sera par la suite appelée, notamment sur les affiches de ses films, Marie-José ou Marie-Josée.
Elle est vite repérée par le réalisateur Georges Lampin qui la dirige dans "Crime et châtiment" (1956) avec Bernard Blier, son premier film. Mais son premier grand rôle sera en 1959 dans "Rue des Prairies" de Denys de la Patellière, où elle tient le rôle de la fille du personnage joué par Jean Gabin.
L'année suivante, Marie-José Nat tourne avec Henri-Georges Clouzot dans "La vérité", où elle joue la sœur et rivale de Brigitte Bardot.
- "Une volonté farouche de réussir" -
Elle épouse dans les années 60 le réalisateur Michel Drach. Ils travailleront ensemble sur cinq films et auront trois fils avant de se séparer en 1981.
Il lui offre en 1967 un de ses plus beaux rôles dans "Élise ou la vraie vie", l'histoire d'une jeune fille qui se lie d'amour avec un militant algérien du FLN (Front de libération nationale, en lutte pour l'indépendance de l'Algérie). Le film fait polémique, la guerre d'Algérie étant alors encore taboue dans la société française.
Marie-José Nat a aussi beaucoup travaillé pour la télévision, comme dans la série à succès "Les Gens de Mogador", saga en 13 épisodes, diffusée à partir de 1972. Elle y incarne, en 1850, Julia Angellier, une fille de monarchiste qui épouse un officier de l'armée impériale.
Elle a aussi joué dans des téléfilms de qualité de Claude Barma, Marcel Bluwal ou Nadine Trintignant.
Sur scène, elle se distingue dans "Désiré" (de Sacha Guitry), mis en scène et interprété en 1984 par Jean-Claude Brialy puis, en 1985, dans "Voisin, voisine", mis en scène de Pierre Mondy, au côté de Victor Lanoux. Elle partage pendant plusieurs années sa vie avec ce dernier.
Marie-José Nat s'est remariée en 2005 avec l'écrivain et peintre Serge Rezvani, connu du grand public pour les textes de célèbres chansons pour Jeanne Moreau ("Le tourbillon de la vie" ou "J'ai la mémoire qui flanche").
Le couple vivait dans une belle maison, à Bonifacio. "Au creux de moi, assurait-elle, il y a toujours l'angoisse. Mais aussi une volonté farouche de réussir: je suis une chèvre corse !".
Elle est morte jeudi à Paris à l'âge de 79 ans des suites d'une longue maladie, a indiqué son agent à l'AFP.
Vos commentaires