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Arno est décédé ce samedi. Le chanteur belge luttait depuis 2019 contre un cancer du pancréas. Pour évoquer sa vie, sa personnalité et son talent, nous avons interrogé l'un de ses grands partenaires de scène: Salvatore Adamo. Interviewé par Salima Belabbas dans le RTL INFO 19H, il a confié sa tristesse et son émotion.
Salima Belabbas: Vous connaissiez bien Arno…
Salvatore Adamo: Oui, je dois dire que je suis sous le choc. Je viens de l'apprendre et j'ai hésité avant de venir, parce que les téléspectateurs vont dire "tiens il est déjà là". Mais je pense que par respect pour Arno, je me devais de faire cet effort et d'essayer de surmonter mon émotion. Oui je le connaissais, je peux dire bien. Parmi mes collègues, c'est un de ceux que je connaissais le mieux. On s'appelait régulièrement. Je l'ai eu il y a dix jours. Je lui avais demandé si je pouvais lui rendre visite et il m'avait dit textuellement "Je te rappelle", et voilà. Malheureusement, c'est quelqu'un d'autre qui m'a appelé.
Salima Belabbas: Vous avez partagé beaucoup de moments sur scène avec lui.
Salvatore Adamo: Oui, on a fait plusieurs fois le duo sur les Filles du bord de mer. Je lui dois beaucoup. Parce que le fait qu'un rockeur ait repris une de mes chansons, ça m'a donné une certaine crédibilité vis-à-vis de son public à lui. J'ai vu des jeunes venir à mes concerts. Et à chaque fois qu'on pouvait, c'était toujours sur le ton de l'humour. Arno était l'être le plus authentique qui soit. Il avait une espèce de détecteur de frime et dès que quelqu'un frimait, il le remettait à sa place par une pirouette.
Salima Belabbas: Quel souvenir vous gardez de l'artiste et de l'homme?
Salvatore Adamo: Un homme d'une immense discrétion. Il avait une élégance, un peu bourrue, mais élégance quand même. Je l'ai rencontré la première fois en sortant d'un studio où il m'avait dit "Toi je t'aime bien, bientôt tu vas avoir une surprise". Et la surprise c'était justement l'enregistrement des Filles du bord de mer. Je suis allé plusieurs fois chez lui, lui est venu chez moi, et il ne fallait pas faire de chichi, surtout pas de chichi.
Salima Belabbas: C'était un artiste aussi très engagé avec un franc-parler.
Salvatore Adamo: Oui, c'est sa personnalité, le franc-parler. Je vous le disais, dès qu'il sentait que quelqu'un n'était pas naturel ou frimait, il trouvait la façon de lui faire comprendre par une espèce de mise en boite, que l'autre comprenait ou ne comprenait pas. Mais il n'était dupe de rien.
Salima Belabbas: Il y a une anecdote à laquelle vous pensez, que vous gardez en mémoire?
Salvatore Adamo: Il est venu chez moi une fois alors que c'était le quatrième rendez-vous qu'on avait. Et plusieurs fois la cuisinière avait préparé le repas, et quand il est venu, Bégonia l'a engueulé "Vous! Ça fait la quatrième fois que je cuisine pour vous!", et il s'est mis à genoux devant elle et il s'est excusé.
Salima Belabbas: Malgré sa maladie, il est resté très combatif. Il est remonté sur scène récemment.
Salvatore Adamo: Oui, justement, c'est ce qui m'avait laissé croire… Hier soir j'ai chanté à un concert en faveur de l'Ukraine. J'ai chanté les Filles du bord de mer. J'avais beaucoup hésité par rapport à son état de santé. Mais là j'avais cru qu'il allait mieux. J'avais même entendu dire qu'il allait enregistrer un nouvel album. Donc j'y suis allé et je l'ai même salué hier soir. Et voilà… et puis le destin a voulu que je me sois trompé hier, parce que j'ai dit au public qu'il allait mieux.
Salima Belabbas: Mais ça restera un souvenir pour vous, cette chanson.
Salvatore Adamo: Pour moi, ça restera une communion avec lui. Il était question qu'on fasse peut-être autre chose ensemble. Voilà, il n'a pas eu le temps. Salut Arno!