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Dés la rentrée académique, de l'UMons remettra le Diplôme et les Insignes de Docteur Honoris Causa à trois personnalités qui contribuent chacune à leur manière à la conscientisation au développement durable: l'économiste britannique et expert en matière de problématique climatique dans l'économie Nicholas Stern et le journaliste de télévision et écologiste français Nicolas Hulot et l'étudiante suédoise et activiste climatique Greta Thunberg.
Mais pour certains, la jeune Suédoise de 16 ans qui inspire le mouvement des jeunes pour le climat, en Belgique et dans le monde entier, ne mérite pas une telle distinction. Un doctorat exige des années de travail et elle n’aurait pas encore suffisamment de bagages, estiment des voix critiques, notamment dans le monde universitaire.
Samuele Furfari, Professeur de géopolitique de l'énergie à l'Université Libre de Bruxelles, en fait partie. Il se dit surpris par cette décision.
"Je suis surpris parce que c'est à l'intérieur même de l'université de Mons qu'il y a eu débat (...) mais visiblement on ne veut pas créer de remous mais il y a beaucoup de gens qui ne sont vraiment pas contents (...) Ca choque que l'on donne à quelqu'un qui prétend qu'on ne doit pas aller à l'école pour défendre une cause et que dans un cénacle universitaire, on lui accorde une place en disant: 'après tout, c'est bien, il ne faut pas aller à l'école, c'est quand même très surprenant", a affirmé Samuele Furfari.
"Une gamine qui n'a aucune compétence"
Pour le professeur de géopolitique de l'énergie, Greta Thunberg est "une gamine qui n'a aucune compétence dans un domaine si ce n'est d'être médiatisée... Donc c'est un prix pour sa médiatisation".
Ces propos ont fait réagir Philippe Mettens, administrateur de l'Université de Mons. "Je pense qu'il y a énormément de mépris dans l'attitude et dans le discours qui est tenu par mon contradicteur. On ne doit pas qualifier une personne à travers son âge, on doit encore moins la qualifier à travers des troubles qu'on essaie de mettre en évidence pour la caractériser (...) Je pense que Greta est le symbole d'une prise de conscience de la jeunesse face aux grandes questions", a rétorqué l'administrateur de l'Université de Mons.
"Je pense que c'est tout à fait dans la mission d'une université comme la nôtre de saluer le courage, la détermination et la mobilisation d'une jeune génération qui en a assez de discours lénifiant qui viennent de pseudo scientifiques qui nous expliquent que ce n'est pas très grave (...) Il s'agit de mettre en avant l'exemplarité de l'action de Greta et de tous ceux qui l'accompagneront", a ajouté Philippe Mettens.
Adélaïde Charlier, porte-parole francophone de Young For CLIMATE, se dit très heureuse que l'université donne une telle reconnaissance à Greta Thunberg et au message qu'elle porte. "C'est aussi une reconnaissance pour tous les jeunes qui se sont mobilisés et qui veulent remettre au centre des débats l'urgence climatique car OUI c'est une crise", a précisé Adélaïde Charlier.
"Vous êtes un climatosceptique assumé"
Pour Samuele Furfari, "Il y a une exagération dans tous ces débats sur le climat. Oui, il y a une évolution du climat, mais il n'y a pas l'urgence qu'on est en train de nous dire. Il ne faut pas paniquer. On met toujours en avant la peur... Mais ce n'est pas la peur qui va résoudre le problème. C'est la science et la technologie".
Ces affirmations ont fait bondir Adélaïde Charlier. "Ca, c'est de l'idéologie, je suis désolée".
"Vous êtes un climatosceptique assumé", a lancé Philippe Mettens.
"Moi j'ai été très irrité par le ton paternaliste de la carte blanche que vous avez publié et par le ton que vous utilisez ici (...) Vous vous accrochez à l'idée que tout ça finalement ce n'est pas grave (...) Pourquoi Greta Thunberg vous irrite tellement ? Moi, j'ai une hypothèse. Je pense que finalement vous êtes un peu mal à l'aise. Il y a derrière vous la culpabilité parce qu'elle est le symbole de votre inaction depuis 30 ans, de certains scientifiques et politique depuis 30 ans. C'est un discours plutôt climatosceptique", a réagi Michel Henrion.
Les Docteurs Honoris
Les Docteurs Honoris Causa de l'UMons s'inscrivent dans une tradition forte d'ouverture d'esprit, de créativité, de liberté de pensée, avec des personnalités telles que, entre autres, Muhamad Yunus (2010), Bertrand Piccard et André Borschberg (2012), Daniel Cohen (2015), Edwy Plenel (2016), Albert Jacquard (1996), Claudie Haigneré (2008) ou encore Gisèle Halimi (1998) et Jean Ziegler (2004).