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Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke met la dernière main à une réforme qui devrait conduire à une meilleure qualité de soins pour les patients souffrant de problèmes de dos. Une réforme entrée en vigueur en septembre et qui devrait réduire le nombre d'opérations pratiquées.
Stéphanie souffre d'importants maux de dos depuis 10 ans. Un problème de santé qui lui gâche la vie. "J'ai pu atteindre des niveaux de douleur jusqu'à 9 ou 10 sur 10", souligne-t-elle. "Avoir mal au dos, ça handicape la vie au quotidien, pour l'entretien de son appartement, la vie sociale, on se renferme sur soi..."
En Belgique, les maux de dos font partie des problèmes de santé les plus courants. Un Belge sur 5 en souffre. "Énormément de patients viennent chez le kiné parce qu'ils ont mal au dos. Si je dois vous dire un pourcentage, j'ai envie de dire au moins 60% de la patientèle", souligne Delphine Richir, kinésithérapeute au CHU UCL Namur.
"Je pense que sur les consultations en traumatologie qu'on fait ici, des dos, on doit quand même avoir facilement 10-15% de nos patients qui viennent pour des problèmes de dos, confirme de son côté Nicolas Guyot, docteur en chirurgie orthopédique. C'est vraiment très fréquent, même quand on fait des consultations de traumatologie. Il y a beaucoup de patients qui viennent pour des traumatismes au niveau du dos, qui gardent des douleurs lombaires. Souvent, ce sont des douleurs qui ont tendance à se chroniciser, donc rester un certain moment. Les patients sont un peu laissés pour compte, on leur dit que ça va passer, etc. Et donc ils reviennent souvent à d'autres consultations par la suite avec des douleurs qui restent des mois et des mois. Il n'y a pas de diagnostic dessus. C'est quand même relativement fréquent, effectivement."
Alors pour guérir cette pathologie, l'étape de l'intervention chirurgicale est souvent envisagée... à tort, selon le Ministre de la Santé, Franck Vandenbroucke. "Aujourd'hui, dans notre pays, nous avons tendance à opérer un peu vite et un peu trop souvent, alors que la valeur ajoutée de ces opérations n'est pas toujours claire. Cette réforme doit permettre aux patients souffrant de maux de dos ou de problèmes de dos de bénéficier de soins de meilleure qualité et d'éviter des opérations inutiles", a-t-il déclaré.
Mais d'autres solutions qu'une opération sont possibles pour améliorer la santé du patient. C'est pour cette raison que la réforme dite de "pathologies vertébrales" est mise en place. Réforme sur laquelle le Ministre Vandenbrouck planche depuis 2015. Depuis le 1er septembre, une équipe multidisciplinaire étudie au cas par cas la nécessité d'une opération. Mais pour Nicolas Guyot, docteur en chirurgie orthopédique au CHU UCL Namur, difficile d'appliquer la procédure en cas d'urgence. "Si on a, par exemple, des hernies discales qui deviennent un peu dangereuses, qui sont à opérer rapidement. Je ne sais pas si on peut avoir le luxe de passer par tous les intermédiaires", estime-t-il.
L'objectif de cette réforme est triple : assurer un meilleur diagnostic grâce à un suivi approfondi du patient, adapter le traitement médical en conséquence et ainsi, réduire le nombre des opérations.