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"En moyenne, les gens vont devoir payer 1.000 à 1.500 euros d'impôts en plus", estime le président de la FGTB, Thierry Bodson, cité par nos confrères du média Le Soir. Selon lui, les salariés qui, l'an dernier, ont été contraints de se mettre au chômage temporaire pour cause de force majeure en raison de la crise sanitaire (ndlr, chômage dit "corona"), risquent d'avoir une mauvaise surprise au moment de payer leurs impôts.
Pourquoi un tel montant supplémentaire?
Pour comprendre l'origine de cette mauvaise surprise fiscale, il faut remonter au début du premier confinement en mars 2020. Thierry Bodson explique que quand le chômage "corona" a été mis en place, la FGTB a obtenu "qu"il corresponde à 70% du salaire brut plafonné et non 65%". Et d'ajouter: "Mais contre notre avis, le gouvernement de Sophie Wilmès a décidé de ramener le précompte professionnel de 26 % environ à 15 %".
L’effet premier est d’augmenter ce que le chômeur reçoit sur son compte en banque. Le second, c’est un versement anticipé d’impôts moins important. Or, les allocations de chômage viennent s’ajouter au salaire perçu par le travailleur, ce qui conduit à un taux d’imposition oscillant entre 30 et 35 %.
Le calcul est vite fait : l’imposition "à la base" du chômage corona ayant été de 15 %, il faudra sur ce montant payer un surplus d’impôts. La FGTB l'a chiffré entre 1.000 et 1.500 euros, signale Thierry Bodson, qui ajoute qu'il n'est plus possible de faire machine arrière.
"On va aller chercher 1 milliard d’euros dans la poche des travailleurs pour supporter le coût de la crise"
Le syndicat socialiste avait tenté d’obtenir un geste du gouvernement fédéral, demandant que le prélèvement de 15 % opéré avant versement soit transformé en précompte libératoire pour que l’allocation versée ne fasse plus fait l’objet d’une taxation. "C’est ce qui a été décidé, à juste titre, pour le droit-passerelle des indépendants", explique Thierry Bodson.
La décision, qui dépendait de plusieurs ministres, n’a pu faire l'unanimité en raison de son coût: la FGTB l'évalue à 800 millions voire 1 milliard d’euros. "Cela signifie que l’on va aller chercher 1 milliard d’euros dans la poche des travailleurs pour supporter le coût de la crise", s'indigne le président du syndicat socialiste qui estime cette catégorie moins bien lotie que d’autres.
"Les aides de l’Etat durant la crise sanitaire ont, à la grosse louche, profité pour 15 % aux salariés, pour 15 % aux indépendants et pour 70 % aux entreprises", avance-t-il. "Sachant qu’en avril et mai 2020, 1,2 million de salariés étaient en chômage temporaire, on peut estimer qu’au moins 600.000 personnes sont sous la menace d’une hausse de leurs contributions", estime Thierry Bodson. La confirmation tombera à l’automne avec les feuilles d’impôt.