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"Une récession mondiale", voilà ce qui nous attend, dans les prochains mois, selon la directrice générale de l'OMC, l'Organisation Mondiale du Commerce. Selon les prévisions de la Banque Nationale, cette récession pourrait arriver à la Belgique dès le trimestre prochain, avec une baisse de 0,2% du PIB d’octobre à décembre. Pire que la récession, la Belgique est en train de plonger en 'stagflation', soit un ralentissement économique (= récession) combiné à une hausse des prix (= inflation).
Mais quelles sont les causes de cette récession ? Pour Oscar Bernal, professeur de finances au département de gestion de l'Université de Namur, c'est la situation à laquelle nous sommes confrontés actuellement qui est "assez particulière". Il explique: "On a, d'une part, un choc d'offre, c'est-à-dire des entreprises qui ralentissent leur activité car elles sont confrontées à une augmentation de leur coût de production très importante en raison des prix de l'énergie. Et d'autre part, on a un choc de demande, c'est-à-dire que les ménages consomment moins parce qu'ils sont confrontés à une diminution de leur pouvoir d'achat en raison de la récession. C'est la combinaison de ces deux chocs qui amène un ralentissement de l'activité économique et donc à une période de récession."
Quelles conséquences ?
Les conséquences, à court terme, de cette récession sont que les entreprises vont, dans un premier temps, reporter les investissements non-urgents afin d'augmenter leur production. Elles risquent aussi de continuer à baisser leur production, pour réduire les coûts liés à l'énergie. Dans les conditions actuelles, le risque de faillites augmente également.
À moyen terme, si l'activité continue de réduire, que la production est ralentie et que les coûts d'énergie sont toujours en hausse, les sociétés pourraient envisager de réduire les coûts salariaux, ce qui veut dire à la clef un gel des recrutements voire des licenciements. S'il y a suppression d'emplois, les ménages, déjà touchés par une perte de pouvoir d'achat, pourraient alors être tentés de réduire davantage leur consommation, en prévision des mauvais jours. Leur consommation diminuerait alors, ce qui entraînerait une baisse de la demande... C'est un cercle vicieux pour les entreprises.
L'Etat belge également touché
Les entreprises et les ménages ne sont pas les seuls touchés par cette récession. L'Etat y perd également sur deux plans : d'un côté, il perd des recettes fiscales puisque l'activité économique et la consommation ralentissement. Mais il doit aussi faire face à une hausse de ses dépenses sociales puisqu'il y a plus de familles à aider.
Alors qu'habituellement, en période de récession, les prix ont tendance à diminuer, ce n'est pas le cas ici. Pourquoi ? "Parce que l'inflation à laquelle nous sommes confrontés est en grande partie une inflation importée par nos dépenses en énergie. La difficulté ici, c'est justement de devoir faire face à un ralentissement de l'activité économique combiné à une forte augmentation des prix. C'est évidemment le phénomène inflationniste auquel nous sommes confrontés depuis maintenant plusieurs mois, et qui laisse les autorités dans beaucoup de difficultés quant à la manière dont elles doivent réagir pour pouvoir y faire face", développe Oscar Bernal.
Tout cela fait que la situation est considérée comme pire que la récession, c’est de la "stagflation".