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Docteur Royez est psychiatre depuis 15 ans. Ces derniers mois, il assiste à un phénomène inquiétant. De plus en plus de jeunes arrivent chez lui dans un état de détresse. "On a l'impression actuellement qu'on rencontre plus de jeunes en salle d'urgence dans des situations principalement d'anxiété, de dépression parfois sévère, avec des idées suicidaires", confie David Royez, psychiatre à l'hôpital de Jolimont à La Louvière.
Le constat est le même pour Robert Helu, psychologue en Unité pédiatrique de la Clinique Notre-Dame de Grâce, à Gosselies. "Les demandes que l'on a ici, ce sont des jeunes qui arrivent avec des idées suicidaires, des passages à l'acte agressifs vis-à-vis d'autrui comme vis-à-vis d'eux-mêmes, scarification, automutilation. Il y a quelque chose d'assez inquiétant qui s'installe sérieusement maintenant et ce n'est que le début à mon sens d'un tsunami de décompensation de troubles psycho-affectifs qui vont vraiment s'accentuer dans les semaines et mois qui suivent."
Les parents doivent être attentifs
Ces jeunes sont en manque de contact, d'activités et ne parviennent plus à se projeter dans l'avenir. Selon ces professionnels, il est important que les parents soient attentifs au comportement de leur enfant et surtout, reconnaissent leur mal-être. "C'est le reconnaître réellement dans ce que nous vivons et qu'eux vivent. Ce n'est pas le même pour eux que pour nous en tant qu'adultes, et c'est très important. Ensuite, il faut essayer de leur donner la possibilité d'avoir des activités dans lesquelles ils vont pouvoir bouger, aller vers l'extérieur avec des amis avec lesquels ils peuvent à nouveau discuter, se toucher réellement."
De leur côté, les jeunes doivent éviter de s'isoler. "Je pense qu'il y a moyen de pouvoir se rencontrer à distance lors des périodes scolaires notamment, explique David Royez. C'est très important. Essayer de s'isoler un minimum. Et pour les périodes où on est confiné avec ses parents, essayer de peut-être développer de nouvelles activités qu'on n'avait plus l'habitude de faire."
Adapter les mesures
Pour Robert Helu, il y a urgence. Il faut adapter les mesures, notamment en permettant la reprise des activités extrascolaires, sans quoi la situation continuera à s'aggraver. Hier, une vingtaine de professeurs du nord et du sud du pays ont également fait une demande. Ils ont rédigé un plaidoyer pour la réouverture des auditoires à la rentrée de février 2021. Ils considèrent, en effet, que la "situation n'est pas tenable" pour les étudiants. Les académiciens estiment également qu'au vu de l'évolution de l'épidémie en Belgique, une réouverture, même partielle, est possible.
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