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Lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion du Conseil national de sécurité, la Première ministre a répondu à une série de questions. Avec l’assouplissement des mesures liées au contacts sociaux, et la réouverture des magasins vendant des produits non-essentiels notamment, il sera moins aisé, pour la police, de contrôler la nature du déplacement des citoyens.
"L'idée des déplacement essentiels est abandonnée ?"
"L'idée des déplacements essentiels est abandonnée ?": la question est posée par une journaliste, en néerlandais. La Première ministre ne répond pas oui ou non clairement, mais reconnaît que cette notion a de moins en moins de sens au fur et à mesure que l'on avance dans le déconfinement. "La question du déplacement essentiel est la suivante: nous avons une organisation qui dit que vous devez rester chez vous, à moins d’avoir des obligations qui nécessitent un déplacement, mais il y a beaucoup d’exceptions. Nous réfléchissons à la meilleure manière: soit moins d’exceptions avec un périmètre plus large, où nous maintenons la stratégie actuelle. Il est important de savoir que la police fait son travail, elle fait tout pour protéger la population, mais à mesure que nous avançons dans ce déconfinement, il sera de plus en plus difficile pour l’agent de police de faire le contrôle".
"Je suis convaincue que la population belge est intelligente et est responsable"
La Première ministre prend l'exemple des nouvelles règles qui permettent d'inviter quatre proches dans un foyer. "Si vous avez la possibilité d’inviter quatre personnes, on n’aimerait pas que la police vienne voir pour vérifier que tout est en ordre. Nous pensons que le déconfinement aura un point très important : ce n’est pas le contrôle de police mais la responsabilité de chacun. C’est la raison pour laquelle je parle d’un contrat, respecté par chaque partie dans cette affaire. Je suis convaincue que la population belge est intelligente et est responsable. Si nous donnons plus de libertés, c’est parce qu’on sait que cette situation va encore durer longtemps. Mais pour éviter que tout le monde retourne uniquement chez soi, nous devons rester très prudents et s’assurer que les règles proposées aujourd'hui soient respectées".
"Ne demandez pas à la police de contrôler tout"
La journaliste insiste: cela signifie-t-il que la police ne fera plus de contrôles ? "La police reste une instance de contrôle. Il y a toujours des interdits, comme les rassemblements. On doit garder ses distances. Mais ne demandez pas à la police de contrôler tout, en pensant que ceci peut fonctionner. La seule manière pour que ça fonctionne, c’est que les mesures soient respectées, car c’est important pour ces personnes-là aussi, pour sa famille, la santé de toute la population, et ça demande de la responsabilité, que nous avons, et nous comptons là-dessus. Sinon, on va avoir d’autres problèmes".
"La privation de nos libertés à laquelle on fait face est exceptionnelle"
Plus tard lors de la séance de questions-réponses, Sophie Wilmès a répété la philosophie autour de ces nouvelles règles: plutôt que la répression, c'est le fait de faire confiance à la responsabilité de chacun qui est privilégié. "La clé du succès du déconfinement c’est le sens des responsabilités des citoyens. Plus vous allez déconfiner, plus vous aller, par définition, vous retrouver dans des zones grises, dans des zones où le contrôle est difficile. Un exemple simple : le 10 mai, une famille peut recevoir jusqu'à quatre personnes chez elle, dans le respect des distanciations sociales. Mais c’est chez elle, c’est son domicile. C’est très difficile à contrôler. Pourtant, nous demandons de respecter, par famille, ce chiffre de 4. Nous demandons aussi à ce que les gens qui viennent chez vous, viennent chez vous, et pas ailleurs. Si nous ne pouvons pas compter sur le sens des responsabilités de nos concitoyens, ou du moins si nous ne pensions pas que nous pouvions compter sur leur sens des responsabilités, nous ne le ferions pas. Le corollaire à ça, c’est tout fermer, avec des règles où tout est blanc ou tout est noir, ça veut dire aussi moins de liberté, moins de capacité à voir les gens qu’on aime, et à mon avis, à terme, une impossibilité de suivre ces règles, parce que nous avons grandi, et heureusement d’ailleurs, en étant parfaitement ancrés dans nos libertés. La privation de nos libertés à laquelle on fait face encore aujourd'hui, et à laquelle on a demandé à la population de faire face est exceptionnelle. Elle n’a fonctionné que parce que la population a accepté et compris que c’était nécessaire. Le déconfinement doit se passer dans ce même raisonnement, parce que c’est d’abord et avant tout pour la population que ces décisions sont prises, pour la protéger d’un redémarrage trop rapide de la propagation du virus".