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Arnaud Gauthier-Fawas, l’administrateur de l’Inter-LGBT qui organise la Marche des fiertés parisienne, était sur le plateau de l'émission "Arrêt sur Images" du 29 juin 2018 dont le débat animé par Daniel Schneidermann portait sur "les couleurs arc-en-ciel, je m'en fous !".
"Les villes comme Paris se veulent favorables aux LGBT et repeignent quelques éléments de leur mobilier urbain en arc-en-ciel. Vraie avancée ou pink washing ?", était le thème du programme du jour.
Suite à une affirmation du présentateur sur le plateau "majoritairement masculin", Arnaud Gauthier-Fawas a expliqué qu’il n’était "pas un homme" puisqu’il se définissait comme non-binaire. "Je ne suis pas un homme, Monsieur. Je ne sais pas ce qui vous fait dire que je suis un homme, mais je ne suis pas un homme", a lancé l'administrateur de l’Inter-LGBT.
Visiblement surpris par cette réaction, Daniel Schneidermann a précisé: "Votre apparence". Ces mots ont heurté Arnaud Gauthier-Fawas: "Ah bon? Il ne faut pas confondre identité de genre et expression de genre sinon on va déjà mal partir. Je suis non-binaire donc ni masculin ni féminin et je refuse qu'on me genre comme un homme".
"Comment vous définissez vous?", a alors tenté de savoir le présentateur...
"Comme non-binaire (...) Ne dites pas qu'il y a quatre hommes sur le plateau", a rétorqué l'administrateur. "Je suis désolé si je vous ai offensé", s'est excusé l'animateur.
Mais quelques instants après qu'un des hommes présents sur le plateau ait fait remarquer que les invités étaient uniquement blancs, La personne "non-binaire" a lancé qu'elle n'était pas blanche car elle est "à moitié libanaise". "C'est intéressant qu'on interroge tous nos propres stéréotypes autour de la table, car sans même m'avoir posé la question vous supposez que je suis un homme", a détaillé l'homme qui refuse d'être identifié à un genre.
Des tweets homophobes
Cette séquence a été largement commentée sur les réseaux sociaux. De nombreuses personnes se sont moqués de cet entretien sans en comprendre le fond... Certains tweets considérés comme "homophobes" et "transphobes" se sont propagés sur la toile.
Daniel Schneidermann a réagi sur le site de son émission en voyant l'ampleur que cette séquence prenait. "Mais qu'est-ce qu'ils leur ont fait, les bisexuels, les pansexuels, les transexuels, les non-binaires ? Qu'est-ce qu'ils leur ont fait, pour s'attirer tant de haine, tant de sarcasmes ? Tout le week-end, la fachosphère s'est déchaînée sur Twitter contre l'invité de notre émission, Arnaud Gauthier-Fawas. Tout le week-end, Twitter s'est délecté à se repasser en boucle le "sketch", "je ne sais pas ce qui vous fait dire que je suis un homme, mais je ne suis pas un homme".
Qu'est-ce qu'ils vous ont donc fait, tous ceux qui doutent de leur sexe de naissance ? Tous ceux, tout compte fait, qui auraient préféré être de l'autre côté ? Ou des deux côtés à la fois ? Ou d'aucun côté ? Toutes les filles qui jouent à la guerre, et sont plus tard attirées par des femmes ? Tous les garçons qui jouent à la poupée, et sont plus tard attirés par des hommes ? Ou par des femmes. Ou par les deux. A la fois. Ensemble ou séparément. Tous ceux, toutes celles, qui, comme Océan, ont entrepris la longue transition d'une rive à l'autre. Ou même, sans l'avoir entreprise, veulent simplement "dire" qu'ils ne se reconnaissent pas dans la binarité ? Vous y voyez un caprice de gosses de riches d'une époque où l'on n'a plus ni faim ni froid ? Peut-être. Et alors ? Vous préféreriez le froid, et les cartes d'alimentation ? En quoi vous-même, les binaires, les sûr.e.s de vous, les bien dans vos braguettes, en quoi vous sentez-vous menacés ? Pourquoi cette panique ? Est-ce simplement la peur des toilettes neutres ?"