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Le coronavirus a contraint les autorités à prendre des mesures drastiques afin de limiter sa propagation sur le territoire. En mars dernier, les visites dans les maisons de repos avaient ainsi été interdites. Le but: protéger les personnes à risque, à savoir principalement les plus âgées.
Pour Rolande, une habitante de Paliseul, cette mesure sonnait le début d'une terrible souffrance. "Aujourd'hui, elle n'a plus que moi. Je l'aide pour tout. Si elle ne me voit pas d'ici une quinzaine de jours, je suis sûre qu'elle va se laisser aller", déplorait-elle.
La gorge nouée, la sexagénaire nous avait confié sa tristesse et son désarroi. "On me parle de vidéoconférence mais moi je suis désolée, ma maman n'a plus internet, elle ne sait même pas comment ça fonctionne. Le téléphone non plus. Je ne sais avoir aucune nouvelle. Psychologiquement, c'est très difficile", soufflait-elle.
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C'est très dur et éprouvant
Quatre semaines plus tard, Rolande s'est quelque peu habituée à la situation. Les visites hebdomadaires ont laissé place aux coups de fil quotidiens. Indispensables pour ne pas se laisser abattre. "J'essaie de lui remonter le moral, de blaguer avec elle, de lui dire de patienter. Mais ce n'est pas évident. Elle est même allée dire au home qu'elle était prête à renoncer à toutes les activités pendant au moins des mois pour une petite visite. C'est très dur et éprouvant", nous souffle-t-elle.
Ce sentiment est partagé par des milliers de familles qui se retrouvent alors soudainement séparées par de telles mesures. Le Conseil National de sécurité a donc décidé de rendre le confinement plus acceptable en permettant à nouveau des visites dans les maisons de repos et établissements spécialisés à certaines conditions. Une lueur d'espoir pour Rolande qui espère pouvoir rendre visite à sa mère. "Je me suis dit 'Si je peux lui rendre visite, je serais dans les premières", sourit-elle.
La revoir va être un sentiment de bonheur
Les visites sont désormais possibles mais pas obligatoires, a précisé la Première ministre Sophie Wilmès. Les homes sont amenés à s'organiser afin de permettre ces entrevues. "Je suppose que les gens qui s'occupent des homes sont conscients du problème et qu'ils vont mettre des heures et des jours pour organiser. Je suis tout à fait armée, j'ai des masques et tout ce qu'il faut", nous détaille Rolande.
Si cela est possible, l'habitante de Paliseul s'attend à des retrouvailles riches en émotions. "Je ne vais pas lui sauter dans les bras, je suis consciente du danger. On va pleurer, ça c'est sûr. Je serai contente de la voir, de respecter ses volontés. La revoir va être un sentiment de bonheur. Il y a quand même des gens qui ont du cœur. Je n'ai pas mis ma maman dans un home pour m'en débarrasser. Je suis la seule fille qui lui reste et je pense qu'une visite est capitale. Quand on me donnera les directives, je ferais tout ce qu'il faut même si je dois être harnachée comme RoboCop", conclut-elle.