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La folie "Squid Game" s'invite jusque dans nos cours de récréation. La série phénomène a un tel impact que les jeunes Belges l’imitent, dès le plus jeune âge. Une nuance de taille toutefois: ils ne suppriment pas les perdants. Mais ils les frappent. La fille de Johanna, 7 ans, a été giflée pour avoir perdu à "1,2,3 Soleil" dans une école de Dinant. Un geste choquant pour sa fille, mais aussi pour certains parents. Johanna raconte le traumatisme vécu par sa fille sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche" ce midi.
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"Tous les perdants ont été giflés", explique Johanna. "Elle n'a pas compris du tout. Pour elle c'était le jeu normal. Elle est rentrée à la maison en pleurant, et elle m'a dit 'maman, j'ai pris une gifle en jouant'. Puis elle m'a expliqué qu'elle jouait à 1,2,3 soleil", a-t-elle ajouté.
"Elle ne connaît pas Squid Game, elle a vu aucun extrait ni rien", étant donné que la fille de Johanna n'a pas de compte TikTok, réseau social où la série cartonne jusqu'à reproduire certaines scènes et exposer les plus jeunes. Pour cette maman, hors de question de montrer un extrait à sa fille: "Je ne comprends pas pourquoi autant de petits enfants jouent à ça alors que c'est une série interdite au moins de 16 ans. J'ai peur que ma fille revienne avec des gros bleus", s'inquiète-t-elle.
Personne m'a défendue
D'autant plus que le père de l'enfant qui a giflé sa fille ne voit pas le problème: "Certains parents sont fort laxistes et ne voit pas le mal dans ce jeu mais si, pour moi ça enlève l'innocence des enfants", estime Johanna. Certains parents n'hésitent pas non plus à montrer la série à leur enfant, comme en atteste le témoignage d'une passante à Charleroi: "Ma mère a regardé avec ma petite soeur de 4 ans, elle lui a dit que le sang c'était du ketchup", explique-t-elle au micro de Christophe Deborsu.
Une violence banalisée qui se répercute jusque dans les cours de récréation, où aucun enfant n'est venu en aide à la fille de Johanna: "Personne m'a défendue", dit-elle d'une petite voix en direct de l'émission. Et du côté des enseignants et surveillants, eux interviennent, mais pas toujours: "C'est dans des coins cachés donc les surveillants ne le voient pas toujours", explique Johanna.
Que faire pour stopper cette violence à l'école?
Face à un engouement généralisé, même chez les plus jeunes, Caroline Depuydt, médecin et chef de service à l’hôpital psychiatrique Epsylon, mise sur la "rapidité d'action", qui est "très importante" selon elle.
"L'enfant c'est une éponge, il peut apprendre plein de chose mais peut aussi reproduire. Et ce qui est particulier avec cette série c'est qu'elle reprend les codes des jeux d'enfants comme 1,2,3 soleil. Et les enfants qui ont vu la série se disent qu'ils peuvent le reproduire puisqu'ils y jouent habituellement. Les enfants apprennent par mimétisme et effet de groupe. La rapidité d'action est très importante", a-t-elle martelé.
"En général, on peut faire la part des choses et distinguer le réel du fictif. Mais un enfant de 7 ans ne voit pas la différence. C'est à l'adolescence aux alentours de 12-13 ans, qu'on est enfin capable de le faire. Et ça se développe ensuite pendant toute l'adolescence", explique-t-elle.