Partager:
La "suédoise", très à droite, va-t-elle tenir le coup malgré la pression forte qui émanera de l'opposition et des organisation syndicales ? La coalition va-t-elle aussi résister aux tensions internes ? Le politologue Pascal Delwit, invité de Bel RTL ce mercredi matin, a analysé la situation.
Pascal Delwit, politologue à l'ULB a répondu à certaines questions qu'on pouvait se poser sur le futur gouvernement fédéral (dirigé pour rappel par la coalition "suédoise" de centre-droite N-VA, CD&V, Open VLd et MR) dont Charles Michel sera le Premier ministre, ce matin sur Bel RTL.
Olivier Schoonejans: Pascal Delwit, on sent déjà que la pression est forte. Est-ce que le gouvernement va pouvoir y faire face pendant 5 ans?
Pascal Delwit: C'est une question ouverte évidemment. Il y aura une énorme polarisation politique et sociale. On voit bien qu'il n'y aura pas d'effet de grâce pour ce gouvernement. On sent déjà une très grosse mauvaise humeur dans la tonalité des réactions des organisations syndicales. On peut imaginer que les mutuelles vont embrayer parce que le secteur des soins de santé va être très durement affecté par les mesures d'économie. De plus, politiquement, c'est un gouvernement qui dévoile beaucoup de fragilité. Après, il faut toujours être prudent, ce n'est pas parce que a priori une situation est extrêmement fragile qu'elle va nécessairement déboucher sur une conflagration. On peut imaginer que quand on verra les vainqueurs et les vaincus de l'opération dans les intentions de vote, il risque d'y avoir des effets centrifuges dans ce gouvernement.
Olivier Schoonejans: Y a-t-il une pression sur la N-VA vu qu'il n'y a pas une ligne sur le communautaire dans tout l'accord ?
Pascal Delwit: Oui et non. La N-VA a quand même réussi un de ses objectifs majeurs: envoyer la famille socialiste dans l'opposition, à la fois à la région flamande et au gouvernement fédéral. Et contrairement à ce qui était proclamé dans la négociation, la N-VA a obtenu un virage très à droite sur le plan socio-économique. En même temps, elle ne pourra pas mener ce type d'opération deux fois d'affilée car le "core-business" et l'identité du parti et de ses cadres, c'est quand même une identité flamande nationaliste.
Olivier Schoonejans: Charles Michel sera Premier ministre, Didier Reynders sera sans doute son vice-Premier. Vont-ils pouvoir travailler efficacement ensemble ?
Pascal Delwit: Il y aura bien sûr un travail efficace et un travail de concert, mais en même temps c'est un secret de polichinelle: ce ne sera pas une situation simple à gérer pour les deux hommes. C'est un des multiples éléments de fragilité de ce gouvernement.