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Un citoyen a appuyé sur notre bouton orange Alertez-nous samedi soir après avoir été choqué par un message virulent de Benoît Hons. L'échevin socialiste de la commune de Neupré, en province de Liège, a publié samedi vers 18h un message sur son compte Facebook.
L'élu, qui est également actif à la Haute École de la Province de Liège, était en voyage à Séville, en Espagne, où il s'est fait voler ses cartes bancaires, sa carte d'identité, son argent et son sac à dos. Suite à cette mésaventure, il s'est fendu d'un avis très tranché en ciblant un groupe d'individus. Ce texte explicite est ponctué d'émoticônes désignant un diable ou une personne qui vomit:
"La magnifique place d’Espagne gardera pour moi un goût amer. Me faire voler mon sac à dos, mes cartes de banque et d’identité, de l’argent et mes lunettes... par ce que les romantiques appellent les "gens du voyage", spécimens parasites, vivant du vol et pondant leur engeance dans des poubelles roulottes voire dans leurs grosses Mercedes... cela me fait ?? (ndlr: smiley vomissant). Je pense aux terrains que les communes mettent à leur disposition, avec eau et commodité pour leur immonde "fécalité". Je pense à leurs fausses larmes fétides et à la seule chose de valeur dans cette "espèce": leurs dents en or. Qu’ils aillent en enfer et je suis disposé à leur montrer le chemin le plus direct".
Le message a entre-temps été supprimé et l'échevin a continué de poster des photos de ses vacances, en ajoutant de manière plus détournée une référence aux Gens du voyage ou au vol dont il a été victime.
Je ne pense pas être agressif par rapport à une communauté ou à des personnes
Joint par notre rédaction ce dimanche matin, il ne voit rien de problématique au message qu'il a posté puis supprimé: "J'ai posté sur Facebook un message de tristesse par rapport à la situation, a-t-il répondu à notre journaliste Justine Pons. Je ne pense pas être agressif par rapport à une communauté ou à des personnes. Je suis simplement dans la tristesse de voir que par rapport à des personnes dont on sait bien qu'elles posent un problème, que ce soit aux touristes ou même aux Espagnols, on ne prenne pas des mesures adéquates d'éloignement ou de protection des touristes".
Le PS condamne fermement ces propos
Un peu plus tard, le Parti socialiste a réagi officiellement."Le PS condamne fermement les propos inacceptables de cet échevin. L’élu devra répondre de ses propos devant les instances disciplinaires du parti qui décideront de la sanction", assure le porte-parole du parti.
Face à la polémique, l'échevin a ensuite posté un nouveau message sur Facebook en fin de matinée. "Ma compagne et moi avons été abordés par plusieurs femmes appartenant à la communauté des gens du voyage qui voulaient nous vendre des brins de romarin. À plusieurs reprises nous avons décliné leur offre. Un quart d'heure plus tard (...) j'ai été stupéfait de voir mon sac de voyage (papier d'identité, carte de banque, lunettes de vision et argent) disparaître. J'ai interpellé la police qui m'a indiqué qu'elle était démunie face aux voleurs professionnelles (sic) et aux personnes que les policiers m'ont désignées (...)."
Je présente toutes mes excuses
"Assurément, les propos que j'ai tenus sous le coup de la fatigue, de l'émotion et de la grande difficulté de m'orienter sans lunettes de vue, ont dépassé une juste vue des choses", ajoute Benoît Hons. "Si je reste persuadé qu'une attitude plus ferme et plus sécurisante devrait être menée par les forces de sécurité, il est clair que je n'aurais pas dû viser une communauté entière mais plutôt les individus malveillants que j'ai croisés sur ma route. Je présente toutes mes excuses à toutes les personnes que j'ai offensées dans leur identité, leur culture et leur mode de vie."
La bourgmestre de Neupré surprise et très déçue
De son côté, la bourgmestre de Neupré a dit comprendre la colère d'un homme détroussé mais est surprise et surtout très déçue. "Cela ne justifie en rien de tels propos inacceptables, racistes, déplacés. Une accusation sans preuves par rapport à une communauté sans nuance", estime Virginie Defrang-Firket.
Dès demain, l'échevin est attendu au collège communal pour une explication. Benoît Hons risque son poste, d'autant plus que ce n'est pas la première fois qu'il exprime des propos brutaux et dépourvus de nuance.
L'échevin pourrait-il être puni par la loi et que risquerait-il?
Ce genre de propos, tenus en ligne, sont condamnables mais sont-ils punissables par la loi? Nous avons posé la question à Patrick Charlier, directeur d'Unia, le centre pour l'égalité.
"Il faut voir si les propos qu'il a tenus constituent au sens de la loi une incitation à la haine, la violence ou la discrimination. Par incitation, il faut pouvoir démontrer qu'il a voulu, par les propos qu'il a tenus, pousser des gens à commettre des actes de haine, de violence ou de discrimination à l'égard des gens du voyage. C'est quelque chose qu'on pourra voir en fonction du contexte", a expliqué Patrick Charlier. "Ici, des premiers éléments, je comprends que c'est une réaction émotionnelle puisqu'il venait d'être victime d'un vol. Il est possible qu'à ce moment-là les conditions de l'incitation ne soit pas réunies".
Que risque-t-on si on est condamné pour incitation à la haine? "La loi prévoit une peine d'amende qui va de 50 à 200 euros, mais il faut faire fois huit. Et elle prévoit une peine de prison qui peut aller de huit jours à un an de prison", a répondu Patrick Charlier.