Partager:
Le roi Philippe exprime ses "plus profonds regrets" pour les "actes de violence" et les "souffrances" infligés au Congo léopoldien puis belge, dans une lettre adressée au président de la République démocratique du Congo, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, à l'occasion du 60e anniversaire de l'indépendance du Congo.
> Contenu de la lettre à lire au bas de l'article
La missive, jugée historique, fait la Une des quotidiens Le Soir, La Libre Belgique, La Dernière Heure, des titres Sudpresse ainsi que de la presse flamande mardi.
"Des actes de violence et de cruauté ont été commis"
Le roi Philippe est le premier souverain régnant à exprimer ses regrets à ce sujet jugeant que "pour renforcer davantage nos liens et développer une amitié encore plus féconde, il faut pouvoir se parler de notre longue histoire commune en toute vérité et en toute sérénité". "Notre histoire est faite de réalisations communes mais a aussi connu des épisodes douloureux. A l'époque de l'État indépendant du Congo, des actes de violence et de cruauté ont été commis, qui pèsent encore sur notre mémoire collective. La période coloniale qui a suivi a également causé des souffrances et des humiliations", décrit le descendant de Léopold II. "Je tiens à exprimer mes plus profonds regrets pour ces blessures du passé dont la douleur est aujourd'hui ravivée par les discriminations encore trop présentes dans nos sociétés", assure alors le roi des Belges à l'adresse du président de la République démocratique du Congo.
Sophie Wilmès devrait emboîter le pas
Le roi Philippe ajoute qu'il entend continuer "à combattre toutes les formes de racisme" et encourage à cet égard "la réflexion qui est entamée par notre Parlement afin que notre mémoire soit définitivement pacifiée". Dans son courrier, le roi présente également ses félicitations au président de la République démocratique du Congo à l'occasion du 60e anniversaire de l'indépendance du Congo, regrettant - "compte tenu des circonstances actuelles" - ne pouvoir assister aux festivités auxquelles il avait été invité.
Une plaque commémorative inaugurée mardi à Ixelles en présence de la Première ministre
A l'occasion du 60e anniversaire de l'indépendance du Congo, célébré mardi, la Première ministre Sophie Wilmès se rendra à Ixelles où elle a été invitée par le bourgmestre Christos Doulkeridis, annonce tôt mardi matin le service de presse de la Première. Une plaque commémorative sera inaugurée à l'entrée de la maison communale. Le ministre-président de la Région bruxelloise, Rudi Vervoort sera également présent ainsi que des membres de la communauté congolaise en Belgique. Le 30 juin 1960 était proclamée l'indépendance de la République démocratique du Congo, après avoir été la propriété personnelle du roi Léopold II de 1885 à 1908 et la colonie de l'État belge pendant 52 ans.
Le Palais royal a indiqué mardi que le roi Philippe avait adressé une lettre de félicitations au président de la RDC, Felix-Antoine Tshisekedi, dans laquelle il exprime également ses "profonds regrets" pour les "blessures du passé dont la douleur est aujourd'hui ravivée par les discriminations encore trop présentes dans nos sociétés". Le souverain avait été invité au Congo mais n'a pu s'y rendre en raison de la pandémie de coronavirus.
Contenu de la lettre du roi Philippe au président Félix Tshisekedi
"En ce soixantième anniversaire de l'indépendance de la République démocratique du Congo, je tiens à vous adresser ainsi qu'au peuple congolais mes vœux les plus chaleureux. Cet anniversaire est l'occasion de renouveler nos sentiments d'amitié profonde et de nous réjouir de la coopération intense qui existe entre nos deux pays dans tant de domaines, et notamment dans le domaine médical qui nous mobilise en cette période de pandémie. La crise sanitaire nous frappe au milieu d'autres préoccupations. Le partenariat privilégié entre la Belgique et le Congo est un atout pour y faire face. En ce jour de fête nationale, je souhaite réaffirmer notre engagement à vos côtés. Pour renforcer davantage nos liens et développer une amitié encore plus féconde, il faut pouvoir se parler de notre longue histoire commune en toute vérité et en toute sérénité. Notre histoire est faite de réalisations communes mais a aussi connu des épisodes douloureux.
A l'époque de l'État indépendant du Congo des actes de violence et de cruauté ont été commis, qui pèsent encore sur notre mémoire collective. La période coloniale qui a suivi a également causé des souffrances et des humiliations. Je tiens à exprimer mes plus profonds regrets pour ces blessures du passé dont la douleur est aujourd'hui ravivée par les discriminations encore trop présentes dans nos sociétés. Je continuerai à combattre toutes les formes de racisme. J'encourage la réflexion qui est entamée par notre parlement afin que notre mémoire soit définitivement pacifiée. Les défis mondiaux demandent que nous regardions vers l'avenir dans un esprit de coopération et de respect mutuel. Le combat pour la dignité humaine et pour le développement durable requiert d'unir nos forces. C'est cette ambition que je formule pour nos deux pays et pour nos deux continents, africain et européen. Les circonstances actuelles ne permettent malheureusement pas de me rendre dans votre beau pays, que j'aimerais tant mieux connaître. J'espère que j'en aurai bientôt l'opportunité."