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Des pêcheurs s'inquiètent de la prolifération des silures dans nos eaux fluviales et pensent qu'elle pourrait être très néfaste au développement d'autres espèces. Mais le lien de cause à effet est, à l'heure actuelle, loin d'être avéré.
Ludovic, qui pêche depuis plusieurs années avec ses amis du team des "dogues de Bordeaux" dans la Meuse à Wépion, nous a contactés via notre page Alertez-nous parce qu'il s'inquiète de la prolifération des silures à cet endroit. Pour rappel, le silure est un poisson d'eau douce. Les plus grands spécimens peuvent dépasser les deux mètres, et sont très voraces.
"Cette année, on a pêché un silure. C'est la première fois que ça nous arrive. Ce poisson est très puissant, il faut être deux ou trois pour le sortir de l'eau. Suite à cela, on a écho sondé l'endroit où on pêche avec un bateau, et on a remarqué qu'il y en avait beaucoup, certains de plus de deux mètres. Et les autres pêcheurs n'attrapent plus rien", a-t-il indiqué.
Les pêcheurs de la région s'inquiètent donc du fait que les silures fassent disparaître les autres espèces, telles que les carpes qu'ils attrapaient beaucoup plus facilement les années précédentes. "Avant, on pêchait plusieurs carpes par jour. Maintenant on en attrape parfois une, parfois pas", a ajouté Ludovic.
Vorace
Le silure, poisson prédateur et vorace, est de plus en plus présent chez nous. D'après les experts, il serait revenu dans nos eaux depuis les pays de l'Est et l'Allemagne au début des années 2000. Par contre, la raison pour laquelle le silure est de retour "en force" dans nos eaux reste encore inconnue.
Egalement appelé poisson-chat, le silure s'en prendrait même exceptionnellement aux poules d'eau, canards et pigeons. Mais le silure est-il vraiment responsable de la diminution d'autres espèces de poissons dans la Meuse ? "Il a certainement un impact en tant que prédateur, mais il y a d'autres prédateurs tels que le cormoran. Il y a aussi maintenant de plus en plus de mollusques invasifs dans la Meuse", a indiqué Patrick Kestemont, professeur de biologie à l'université de Namur dans un reportage de RTL-TVI de la fin 2012.
"Précipité"
Même son de cloche du côté de la maison wallonne de la pêche. "Il y a des silures dans la Meuse à Namur, mais c'est en Basse-Meuse (Liège) qu'ils sont les plus nombreux. C'est un poisson prédateur qui mange beaucoup de par son gabarit. Mais de là à dire qu'il y a un impact sur la population des autres espèces, c'est précipité. Une étude est en cours à l'université de Namur et on attend les résultats", a expliqué Bruno Lejeune.
Si l'effet direct de la présence massive des silures dans nos eaux sur la population d'autres espèces n'est pas encore avéré, d'autres causes, par contre, le sont. "Ce qui est certain c'est qu'il y a beaucoup d'autres explications quant à la raréfaction d'autres espèces. Les cormorans ont un impact certain, et alors il y a aussi les moyens de reproduction limités des poissons avec la plupart des berges qui deviennent bétonnées (car de nombreux poissons se servent de plantes pour déposer leurs oeufs)", a ajouté Bruno Lejeune.