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La cour d'assises du Limbourg a condamné lundi, après environ quatre heures de délibération, Yvo Theunissen à 27 ans de prison pour le meurtre du policier Amaury Delrez et la tentative de meurtre sur son collègue policier Ghislain Schils, la nuit du 25 au 26 août 2018 à Spa.
Le Néerlandais de 40 ans assistait ce week-end-là au Grand Prix de Formule 1 à Francorchamps avec son frère et une connaissance. Les trois hommes se sont battus dans un bar, qu'ils avaient ensuite été sommés de quitter. Des témoins avaient vu l'accusé brandir une arme sur le parking du bar. Le trio avait ensuite pris la fuite à bord d'un taxi. La police avait rattrapé le véhicule et lorsque Amaury Delrez a extrait le frère de l'accusé, Cyril Theunissen, du taxi pour le plaquer au sol, l'accusé est sorti du véhicule et a abattu le policier, agenouillé, d'une balle dans la nuque. Amaury Delrez n'a pas survécu. L'accusé a ensuite encore tiré quatre autres coups de feu en direction du collègue de la victime, Ghislain Schils, qui s'était réfugié derrière un arbre. Après les tirs, Yvo Theunissen s'était enfui et avait téléphoné à sa mère et une amie pour que l'une d'elles vienne le récupérer. Il avait rejoint un logement de vacances et brûlé son GSM et sa veste. L'arme du crime a également disparu. Le jury, composé de six femmes et six hommes, avait reconnu vendredi le quadragénaire coupable de meurtre et tentative de meurtre, mais rejeté la préméditation, plaidée par les parties civiles et le ministère public. L'accusé, originaire du Limbourg néerlandais, avait également été reconnu coupable de détention d'arme - un pistolet Walther P38 - sans autorisation.
Pour déterminer la peine, la cour a pris en compte les conséquences de la disparition violente d'Amaury Delrez, "la peine irrémédiable causée à ses proches, à commencer par ses parents, son épouse et leurs trois enfants ainsi que son entourage familial direct". "L'exécution froide et lâche" du policier "a provoqué une souffrance indicible, également chez son collègue Ghislain Schils qui pâtit des faits aussi bien à titre privé que dans sa vie professionnelle", a relevé le président de la cour Dirk Thys. "Les faits témoignent d'une conduite particulièrement brutale et lâche. L'accusé a tiré dans la nuque d'Amaury Delrez, à cinq centimètres de distance, alors que celui-ci était de dos et agenouillé. À aucun moment le policier n'a constitué une menace. On retrouve la même froideur, la même bassesse dans les tirs visant son collègue Ghislain Schils, qui tentait de se mettre à l'abri", a poursuivi le président lors de la lecture de l'arrêt. "Yvo Theunissen a une conscience brouillée de la norme. Il a été décrit par les psychiatre et psychologue comme quelqu'un d'immature et d'instable. Ce type de personnalité agressive le rend sujet à la récidive, alors qu'il entretient un problème de consommation de drogue et d'alcool. Sa manière de porter et manier une arme souligne sa dangerosité. L'accusé n'a jamais réellement tenté de soigner sa dépendance au speed, qu'il a toujours minimisée. Il a également été dépeint comme irascible et sensible à tout ce qu'il considère comme une offense", a pointé M. Thys. "Tenant compte de l'impact sociétal des faits, commis sur un policier dans l'exercice de sa fonction", la cour a ensuite souligné le "mépris" du Néerlandais envers "celles et ceux qui garantissent chaque jour l'ordre et la sécurité publique".
Le jury a toutefois été sensible à la plaidoirie de l'avocat général Ken Witpas, qui avait relevé certains éléments dans la personnalité de l'accusé pour demander moins de 30 ans de prison. Le quadragénaire disposait avant les faits d'un casier judiciaire vierge (à l'exception de deux contraventions pour conduite en état d'ivresse), tant en Belgique qu'aux Pays-Bas, tandis que l'enquête de moralité a brossé le portrait d'un homme pouvant se montrer serviable, compréhensif et protecteur. Sa conduite en prison est en outre irréprochable, ce qui lui a permis d'être affecté à des postes de confiance après avoir initié une thérapie pour se défaire de ses problèmes d'alcool, de drogue et d'agressivité. En conclusion, la cour a également relevé un début de prise de conscience de la gravité de ses actes.