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Au Maroc, nos journalistes Dominique Demoulin et Gilles Gengler ont rencontré un terroriste repenti. Condamné puis relâché... Aujourd'hui, il s'est engagé pour déradicaliser les jeunes.
Abderrazak Soumah a vécu durant 18 ans en cavale, en France puis au Maroc. Il avait été condamné à perpétuité en 1984 pour participation à un groupe terroriste, au sein du mouvement des moudjahidine au Maroc. À l'époque, il souhaitait renverser la monarchie. "On voulait la révolution contre le régime, au nom de la religion et pour imposer la charia", confie-t-il.
"J'ai perdu trente ans de ma vie à cause du terrorisme"
L'homme a finalement été arrêté en 2012 et condamné à vingt ans de prison. Il n'y restera finalement que trois ans et demi. Gracié par le roi, il se dit repenti et essaie maintenant de déradicaliser les jeunes. "On sait ce que ça veut dire l'intégrisme. Les idées noires. Travailler contre le gouvernement. On le sait parce qu'on l'a vécu nous", explique Abderrazak Soumah . "Mais pour les jeunes qui vont maintenant à Daech, on leur dit 'voilà mon petit, je te donnerai l'expérience de trente ans. Ce que tu fais maintenant, je l'ai fait en 80, et tu ne vas aboutir à rien, moi j'ai perdu trente ans de ma vie, et je n'ai rien fait pour ma famille ni pour ma patrie'", ajoute-t-il.
"Les États-Unis cherchent des guerres pour vendre des armes"
Mais les propos d'Abderrazak Soumah interpellent. D'après lui, l'Etat islamique est un complot, et les musulmans seraient victimes d'une stratégie occidentale, et américaine en particulier. "Il faut toujours des guerres pour vendre des armes, et il faut toujours chercher où on les fait", juge-t-il.
Le gouvernement marocain a fait le pari du pardon. 36 salafistes ont été libérés en même temps qu'Abderrazak Soumah. Certains participent à la vie politique, d'autres ont été arrêtés le lendemain du reportage de Dominique Demoulin. Les deux faces d'une même pièce...