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L'adoption définitive du projet de loi visant à dépénaliser l'avortement thérapeutique et en cas de viol au Chili, pays conservateur, a été retardée jeudi au Parlement.
Après le vote des sénateurs dans la nuit de mardi à mercredi, ce texte-phare de la présidente Michelle Bachelet devait être approuvé jeudi par la Chambre des députés pour que le Chili quitte la liste de la vingtaine de pays interdisant totalement l'avortement, selon l’Organisation mondiale de la santé.
Mais contre toute attente, il devra passer devant une commission mixte paritaire chargée éventuellement de trouver une version commune aux deux chambres.
Ce processus pourrait retarder l'adoption définitive de la loi de plusieurs semaines, jugent les observateurs.
Si le texte venait à être voté, les parlementaires de droite (opposition) ont annoncé qu'ils allaient saisir le Tribunal constitutionnel.
Jusqu'en 1989 et pendant plus de 50 ans, l'avortement était permis en cas de risque pour la mère et de foetus non-viable. Mais, avant de quitter le pouvoir, l'ancien dictateur Augusto Pinochet (1973-1990), l'a interdit, laissant cette décision inchangée durant plus de deux décennies.
Depuis, ce texte déchaîne les passions: le Chili a été un des derniers pays développés à reconnaître le divorce en 2004 et l'Eglise y est très présente.
Officiellement le Chili enregistre quelque 30.000 avortements provoqués ou spontanés, mais les interruptions clandestines pourraient être de l'ordre de 160.000.
Outre le Chili, le Salvador, le Nicaragua, le Surinam, Haïti, la République dominicaine sur le continent américain, les Philippines et les îles Palaos en Asie, le Sénégal, la Guinée-Bissau, le Gabon, le Congo, Madagascar, Djibouti et la Mauritanie en Afrique interdisent totalement l'avortement. En Europe, Malte, Andorre, le Vatican et Saint-Marin sont dans ce cas.