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"Les Huit salopards": un western qui tourne au huis clos, signé Tarantino

Avec "Les Huit salopards", en salles mercredi, le réalisateur américain Quentin Tarantino signe un nouveau western après "Django Unchained", entraînant le spectateur au coeur d'un huis clos violent entre huit hommes au passé trouble dans une auberge enneigée.

Alors que "Django Unchained" se déroulait juste avant la Guerre de Sécession, "Les Huit Salopards" ("The Hateful Eight") se passe quelques années après celle-ci.

Dans une diligence traversant la campagne du Wyoming, le chasseur de primes John Ruth (Kurt Russell) emmène une femme (Jennifer Jason Leigh) qui doit être jugée.

Il rencontre le commandant Marquis Warren (Samuel L. Jackson), ex-soldat nordiste devenu chasseur de primes, et le renégat sudiste Chris Mannix (Walton Goggins).

Pris dans une tempête de neige, ils trouvent refuge dans un relais voisin, la mercerie de Minnie. Ils y sont accueillis par quatre inconnus (joués par Bruce Dern, Tim Roth, Michael Madsen et Demian Bichir), avec qui ils vont devoir rester jusqu'à l'accalmie, dans un huis clos implacable.

Huitième film de Quentin Tarantino (si l'on considère "Kill Bill: Volume 1" et "Volume 2" comme une seule oeuvre), "Les Huit salopards" revisite le genre du western tout en portant clairement la patte du réalisateur de "Pulp Fiction", qui s'intéresse depuis quelques années à des sujets historiques, de la Seconde Guerre mondiale dans "Inglourious Basterds" à la Guerre de Sécession ici.

Ce film "parle moins de la Guerre de Sécession elle-même que des relations entre Blancs et Noirs à cette époque", a-t-il cependant expliqué lors d'une conférence de presse à Paris.

"Je crois que cette thématique n'a jamais vraiment été abordée par les grands réalisateurs de westerns", a-t-il ajouté, estimant que c'était "sa contribution au genre".

- "Plus littéraire" -

Dialogues ciselés et abondants, violence stylisée, structure non linéaire avec flashbacks, attention particulière portée à la musique, composée cette fois par Ennio Morricone, collaborateur légendaire de Sergio Leone: tous les ingrédients habituels des films de Tarantino sont réunis.

L'humour noir, le décalage, l'amusement et la parodie qui font habituellement le sel de ses films sont cependant ici moins présents.

Dans un hommage au cinéma épique d'antan, le film dure près de trois heures avec ouverture musicale et entracte.

Il est tourné en Ultra Panavision 70 mm - format panoramique employé pour la dernière fois en 1966, qui permet notamment de magnifier les paysages.

"Les Huit salopards" ne manque pas non plus de faire référence - comme souvent chez l'ultracinéphile Tarantino - à la culture populaire, ici les séries télévisées western des années 1960 comme "Bonanza", "Le Virginien" et "Gunsmoke".

"J'ai particulièrement regardé celles qui avaient de très bons guest-stars", a-t-il raconté.

"Généralement, ils jouaient des étrangers qui arrivaient dans la ville, et on ne savait pas très bien quoi penser d'eux. Au fur et à mesure, on en apprenait plus sur leur passé".

Il souligne avoir "trouvé cet aspect vraiment très intéressant" et avoir voulu faire un film où "l'histoire serait centrée sur ces personnages", faisant pour cela appel à certains de ses acteurs fétiches, de Samuel L. Jackson ("Pulp Fiction", "Django Unchained") à Tim Roth ("Reservoir Dogs", "Pulp Fiction").

Pour le cinéaste, "Les Huit salopards" est "son film le plus proche de +Reservoir Dogs+" car il montre lui aussi "une bande de gars peu sympathiques qui se retrouvent prisonniers dans un lieu clos".

Théâtral, le scénario a d'abord été lu sur scène par les acteurs devant 1.600 personnes en avril 2014 à Los Angeles avant d'être transposé à l'écran. Tarantino avait hésité à l'époque à en faire finalement un film car son scénario avait fuité sur internet.

Le cinéaste, qui répète à l'envi qu'il ne réalisera que dix films - envisageant de se tourner ensuite vers l'écriture de romans et de pièces de théâtre -, reconnaît qu'"il y a souvent un aspect théâtral dans son travail" et que depuis "Kill Bill", celui-ci "a pris un tournant plus littéraire".

"Je prends l'écriture plus au sérieux que je ne l'ai fait durant les dix premières années de ma carrière. Et j'adore ça", a-t-il lâché.

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