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Ce matin sur Bel RTL, Frédéric Moray a répondu à une des questions les plus souvent posées par les auditeurs dans sa séquence "90 secondes pour comprendre": pourquoi c’est l’Europe qui doit accueillir les réfugiés syriens et pas les pays musulmans voisins ? Une idée fausse. Voici la politique d’accueil des réfugiés dans les pays du Moyen-Orient expliquée.
On va sortir les Atlas et répondre à une des questions très souvent posées par nos auditeurs. Premier début de réponse : 4 millions de Syriens sont aujourd’hui réfugiés dans les pays voisins de la Syrie. Tout d’abord, la Syrie est en bord de Méditerranée, à côté de la Turquie au Nord et l’Irak à l’Est. Ce sont les deux frontières principales de la Syrie. Frontières également avec le Liban, la Jordanie et Israël.
Le Liban voisin a vu sa population augmenter de 28% en accueillant des réfugiés
Selon Amnesty International, 4 millions de personnes sont actuellement réfugiées dans ces pays. 2 millions en Turquie, près d’un million et demi au Liban et 625.000 en Jordanie. Vous imaginez ce que cela peut créer comme situation. A titre d’exemple, depuis le début du conflit en Syrie, la population libanaise, 4 millions d’habitants, a augmenté de 28 %. Et + 10 % en Jordanie.
Impossible d'aller en Irak ou en Israël
L’Etat Islamique étant également présent en Irak, on comprend que les candidats réfugiés ne s’y précipitent pas. Reste le cas d’Israël, qui a fermé toutes ses frontières. Inutile de rappeler les conflits permanents qui l’opposent à ses voisins arabes.
500.000 Syriens ont trouvé refuge en Arabie Saoudite
Et qu’en est-il des autres pays du Moyen Orient? L’Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats Arabes Unis, Oman, ... tous ces pays riches? Le chiffre officiel de réfugiés dans ces pays est de... zéro. Zéro mais 500.000 Syriens sont tout de même présent sur le territoire de l’Arabie Saoudite, selon un rapport de l’ONU. Simplement, ces pays n’ont pas ratifié la convention de l’ONU sur les réfugiés. Ils ne peuvent donc pas utiliser le terme de "réfugiés". Une fois encore, on joue sur les mots. Ceci dit, 500 000 sur une population de 31 millions, c’est peu par rapport aux autres. Pourtant, on ne peut pas dire que l’Arabie Saoudite ne fait rien. Ses dirigeants financent la coalition anti-Etat Islamique et l’accueil des réfugiés, mais dans les autres pays. La crainte du syndrome libanais : dans les années 70/80, l’accueil des réfugiés Palestiniens a été l’un des éléments déclencheurs de la guerre civile libanaise.
Traverser le désert: un grand danger
Et puis, pour ce qui est du Qatar, des Emirats Arabes ou encore d’Oman, ces pays sont finalement très éloignés. Pour les rejoindre, les migrants devraient traverser le désert du Rub al Khali, l’un des plus grands du monde, 650 000 km² de sable. De quoi décourager les plus téméraires... surtout quand on sait que sur place, les droits de l’homme sont bafoués.
Frédéric Moray