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À 15 heures ce mardi, "Charlie Hebdo" a tenu une conférence de presse pour présenter le prochain numéro qui sera tiré à 3 millions d'exemplaires. Gérard Biard explique qu'il est heureux d'avoir fait ce numéro et Luz a expliqué comment était née cette une.
Les membres de Charlie Hebdo ont tenu une conférence de presse ce mardi après-midi pour la sortie du nouveau numéro de Charlie Hebdo, quelques jours après le terrible attentat dont ils ont été victimes. Gérard Biard, rédacteur en chef de l’hebdomadaire, a d’abord expliqué ce qu’allait être l’avenir du journal satirique et a donné des détails pratiques quant au numéro de ce mercredi, très attendu. "Ce numéro, comme je l’avais déjà dit, il y a tout le monde. Il y a tout Charlie Hebdo. Ce numéro C’EST Charlie Hebdo. Il restera en vente deux semaines en kiosque. Il est tiré à 3 millions d’exemplaires, pour le moment j’espère. Il est traduit numériquement en trois langues, en anglais, en espagnol et en arabe. Il existe deux versions papier traduites, l’une en italien qui sera vendue demain avec Il Fatto Quotidiano et une, je dirais que s’il n’y avait qu’une seule traduction, qu’un seul journal avec lequel on aurait travaillé c’est celui-là, c’est Cumhuriyet, en Turquie, parce qu’aujourd’hui la Turquie vit un moment difficile et la laïcité est attaquée. Et la dans l’évènement qu’on est en train de vivre, c’est la laïcité qui est attaquée."
"Il va y avoir un journal. Il n’y aura pas d’interruption"
Concernant l'avenir du journal, Gérard Biard a assuré qu'il y en aurait un mais qu'il était encore assez flou. "Il va y avoir un avenir, ça, c’est sûr. On ne sait pas encore très bien à quoi il va ressembler. Il va y avoir un journal. Il n’y aura pas d’interruption, c’est-à-dire que dans deux semaines, en kiosque, il y aura un autre Charlie Hebdo. On verra lequel, pour l’instant on ne peut rien vous en dire parce qu’on n’en sait rien nous-mêmes. Il y avait deux patrons dans ce journal, le premier c’était Charb, le deuxième c’est Riss qui a été blessé à l’épaule, qui sort de l’hôpital lundi et qu’évidemment, on attend tous."
"On est surtout des dessinateurs qui aimons bien dessiner des petits bonhommes"
Le dessinateur Luz a ensuite expliqué comment lui été venue l’idée de cette une, encore une fois avec Mahomet, et ce que ce personnage leur avait coûté au fil des ans. "Ce personnage de Mahomet, parce que c’est mon personnage, Mahomet il existe peut-être, enfin il existe dans le cœur des gens. Moi il existe quand je le dessine. C’est mon personnage, un personnage qui nous a valu d’avoir les locaux brûlés, un personnage qui nous a valu d’être, au début, traiter de grand chevalier blanc de la liberté de la presse, parce que nos locaux avaient brûlé. Puis après, une année plus tard, quand on a redessiné le personnage ça nous a valu d’être traités de dangereux provocateurs irresponsables. Il y avait ce personnage qui nous envoyait soit vers les chevaliers blancs, soit vers les provocateurs, alors que nous on est surtout des dessinateurs qui aimons bien dessiner des petits bonhommes, comme quand on est gamin."
"Au-dessus j’ai écrit "Tout est pardonné", puis j’ai pleuré et c’était la une !"
"Et d’ailleurs les terroristes, ils ont été gamins, ils ont dessiné comme nous, comme tous les gamins, donc il y a un moment donné où ils ont perdu leur humour, ils ont perdu une espèce d’âme d’enfant qui permet de regarder le monde avec un peu de distance. Parce que c’est ça Charlie, c’est regarder le monde ici avec un peu de distance. Et donc j’ai dessiné en disant "Je suis Charlie" et ça c’est une idée que j’avais dans la tête, mais ce n’était pas suffisant, ça ne faisait pas une une. Et puis il n’y avait plus que cette idée de dessiner Mahomet. " Je suis Charlie ". Et je l’ai regardé, il était en train de pleurer et puis au-dessus j’ai écrit "Tout est pardonné", puis j’ai pleuré et c’était la une ! On avait trouvé la une. On avait enfin trouvé cette putain d’une. Et c’était notre une."
"Il est tellement plus sympathique que le Mahomet qui est brandi à tort par ceux qui ont tiré"
"Ce n’était pas la une que le monde voulait qu’on fasse, mais c’était la une que nous nous voulions qu’on fasse. Ce n’était pas la une que les terroristes voulaient qu’on fasse, parce qu’il n’y a pas de terroriste là-dedans, il y avait juste un homme qui pleure, un bonhomme qui pleure, c’est Mahomet. Je suis désolée on l’a encore dessiné, mais le Mahomet qu’on a dessiné c’est un bonhomme qui pleure avant toute chose." "Regardez-le ce Mahomet, il est tellement plus sympathique que le Mahomet qui est brandi à tort par ceux qui ont tiré. Notre Mahomet à nous, il est vachement plus sympa", a ajouté Gérard Biard.
"On remercie en particulier Arnold Swharzenegger
Le rédacteur en chef a ensuite fait une blague, remerciant Schwarzenegger et s’adressant à George Clooney. "On remercie tous ceux qui se sont abonnés, en particulier Arnold Schwarzenegger qui a lui seul vaut dix abonnés. On remercie aussi George Clooney qui peut s’abonner parce que comme ça toutes les femmes du journal auront son adresse."