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La Grèce s'apprêtait dimanche à adopter de nouvelles mesures de rigueur réclamées par ses créanciers comme condition pour le versement de la prochaine tranche de prêt avant une réunion de l'Eurogroupe mardi.
Plus de 8.500 personnes, selon la police, ont manifesté dimanche à Athènes devant le Parlement et tous les transports publics étaient bloqués dans la capitale pour le week-end avant l'adoption de nouvelles mesures très impopulaires.
"Tout le monde sera touché par la tempête des nouvelles mesures", a dénoncé devant le parlement Kyriakos Mitsotakis, le chef de la droite Nouvelle-démocratie.
Car sauf surprise, le Parlement grec devait approuver après minuit, dans la nuit de dimanche à lundi, un projet de loi qui prévoit un mécanisme de correction automatique en cas de dérapage budgétaire et des mesures supplémentaires pour accélérer les privatisations et augmenter les taxes indirectes.
Le texte de 7.000 pages a déjà été adopté vendredi en commission parlementaire avec les seules voix de la majorité gouvernementale qui allie la gauche Syriza du Premier ministre Alexis Tsipras au petit parti souverainiste Anel.
Le gouvernement grec espère que l'adoption de ces mesures de rigueur permettra la reprise du plan d'aide accordé l'été dernier par la zone euro mais bloqué depuis plusieurs mois.
Athènes attend que ses créanciers débloquent mardi quelque 5,4 milliards d'euros et allègent l'énorme dette grecque qui représente environ 180% de son produit intérieur brut.
Les ministres des Finances de la zone euro réunis le 9 mai avaient ouvert la voie en ce sens. Et le FMI jeudi avait accentué sa pression sur les Européens les exhortant à accorder à la Grèce une "longue" période de grâce.
Mais l'Allemagne continue de freiner des quatre fers, prévenant qu'un allègement de la dette ne saurait débuter qu'après 2018, une fois achevé le programme d'aide actuel mais surtout après les élections législatives allemandes de 2017.
- Douloureuses réformes -
Pour décrocher le premier feu vert du 9 mai, et combler les divergences entre FMI et zone euro, la Grèce a dû s'engager à prendre des mesures supplémentaires au cas où elle dévierait de l'objectif d'un excédent primaire (hors service de la dette) de 3,5% en 2018.
La mise en place de ce "mécanisme automatique de correction budgétaire", baptisé Koftis (pince coupante) par les Grecs, est prévue par un amendement au projet de loi.
Il sera déclenché chaque année jusqu'en 2018 si des écarts budgétaires sont constatés au printemps et que le ministère des Finances ne prend pas l’initiative de coupes ciblées, mais il épargnera les dépenses sociales, selon le ministère.
Le projet de loi instaure également une Autorité indépendante des revenus publics, pour lutter contre fraude et évasion fiscales, relève d'un point, à 24%, le taux de TVA sur une série de biens, impose à partir de 2018 une "taxe de résidence" à l'hôtellerie, et met en place un nouveau fonds de privatisations pour accélérer les cessions d'actifs publics et doper leur exploitation.
Ce fonds, dénommé Société de participations publiques, avait été exigé par Berlin lors du bras de fer ayant précédé la conclusion en juillet du nouvel accord entre et Athènes et ses créanciers UE-FMI pour éviter au pays banqueroute et sortie de l'euro.
En dépit d'une grogne sociale montante et des mises en garde de nombreux économistes contre les effets récessifs de ces mesures, le gouvernement avait déjà obtenu le 9 mai que ses 153 députés, sur 300 au Parlement, adoptent deux douloureuses réformes des retraites et de l'impôt sur le revenu également requises par les créanciers.
Les journaux grecs étaient très critiques dimanche sur l'absence de garantie de la part des Européens d'un allègement de la dette grecque contre ces nouvelles mesures de rigueur.