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Dans le monde des paléontologues, le Chinois Xu Xing est une star, qui, à 38 ans, affiche un impressionnant tableau de chasse avec la découverte d\'une trentaine de nouvelles espèces de dinosaures.
\"Il y a trois ans, quelqu\'un m\'a dit: +Vous êtes l\'un des trois premiers dans l\'histoire pour le nombre de nouvelles espèces que vous avez découvertes+\", explique le professeur Xu à l\'AFP.
\"A l\'époque, j\'en avais plus de 20 à mon actif. Ces trois dernières années, j\'en ai découvert encore plus, le total doit être proche de 30. Peut-être que je suis le numéro un mondial maintenant\", ajoute ce chercheur de l\'Académie des sciences de Pékin.
En juin, il a présenté à Pékin sa dernière trouvaille: les restes d\'un dinosaure jusqu\'ici inconnu, baptisé Gigantoraptor erlianensis, proche par sa morphologie des oiseaux, mais d\'une taille telle que les théories sur l\'émergence de ces animaux pourraient en être bouleversées.
Pourtant, sa passion pour la paléontologie n\'est pas le fruit d\'une folie de jeunesse, mais d\'une décision bureaucratique.
\"A l\'époque en Chine, la plupart des gens de mon âge ne pouvaient pas choisir la spécialité qu\'ils voulaient\", explique-t-il.
Le lycéen, qui voulait être physicien, a été placé d\'office dans le département de géologie à l\'université, avec comme spécialisation la paléontologie.
\"Durant les deux premières années de maîtrise, ça ne m\'intéressait pas du tout. Je passais plus de temps sur l\'ordinateur et je voulais devenir créateur de logiciel\", explique-t-il.
\"Ce n\'est que la dernière année que j\'ai vraiment commencé à étudier sérieusement les fossiles. J\'ai découvert mes premières espèces et les dinosaures m\'ont de plus en plus intéressé. Maintenant c\'est ma vie\".
Pour le Français Eric Buffetaut, spécialiste de la paléontologie, \"Xu est un brillant représentant de la nouvelle génération de paléontologues chinois, qui allie une grande compétence sur le terrain à une maîtrise excellente des aspects plus théoriques de la recherche\".
\"Il a acquis une exceptionnelle réputation internationale grâce à ses découvertes et ses descriptions de fossiles de dinosaures remarquables, notamment certains des dinosaures à plumes les plus spectaculaires\", affirme-t-il.
En 2001, il s\'est cependant retrouvé impliqué dans une controverse autour d\'un fossile présenté comme le chaînon manquant entre les dinosaures et les oiseaux modernes. C\'était en fait un faux habile.
Il met cet accident de parcours sur le compte de la naïveté et de l\'excitation de la découverte, affirmant cependant en avoir tiré les leçons.
\"Je fais plus attention quand je rédige mes conclusions\", dit-il.
Selon lui, cet épisode montre la difficulté rencontrée en Chine par les chercheurs de fossiles face à la prolifération des trafiquants ou des pilleurs locaux.
Alors que Xu explique son succès par le travail et un peu de chance, sa dernière découverte illustre son talent.
Il a découvert le premier vestige du Gigantoraptor - un fémur - en 2005 lors du tournage d\'un documentaire portant sur l\'un de ses précédents travaux. Les cinéastes lui avaient demandé de montrer comment il travaillait et, lors de sa démonstration, il était tombé sur ce fossile.
\"Nous avons ramassé sans faire attention un os à la surface. Nous avons pensé au départ qu\'il appartenait à l\'espèce découverte auparavant, mais quelques minutes plus tard, nous avons réalisé qu\'il provenait d\'une espèce carnivore\".
Les fouilles alors entreprises ont permis de recueillir de nombreux fossiles, qui ont fait l\'objet de vérifications minutieuses.