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Dans l’émission C’est pas tous les jours dimanche, Manuella Cadelli, la présidente de l’association syndicale des magistrats, pointe à nouveau les manques de moyens de la justice. La situation est grave, dit-elle. "On a cassé l’outil justice en Belgique. Nous l’avons dit il y a un an. Nous ne pourrons pas lutter contre le terrorisme, ni contre la grande fraude financière. Un an plus tard, la justice est en faillite. J’ai parlé de cadavre. Toute le monde judiciaire est mobilisé", assure la magistrate.
"Nous travaillons toujours en Word 98. C’est risible"
Manuella Cadelli étaye ensuite ses propos en donnant un exemple Selon elle, le service informatique a diminué de 22% en 2015. "Nous travaillons toujours en Word 98. C’est risible. Et les programmes informatiques de la police ne sont pas compatibles avec ceux de la justice. Donc, quand les dossiers arrivent, ils ont été numérisés à la police, et donc il faut tout recommencer à la justice. C’est risible, c’est tragique. Et nous le disons depuis un an, déplore-t-elle. Donc, nous ne pouvons penser qu’une chose, c’est qu’en effet cela arrange certaines parties du monde politique ou des puissants que l’outil, que la justice, ne fonctionne pas."
Les magistrats pourraient, et c’est rarissime, faire grève
Face à ce constat amer, les magistrats pourraient, et c’est rarissime, faire grève. Fin mars 2015, ils étaient en effet 3.000 à dénoncer cette situation devant le palais de justice à Bruxelles. Une sorte de message d’alerte adressé aux autorités. Mais jusqu’à présent, rien n’a changé. "Si la situation continue de se maintenir et si nous n’obtenons pas des propositions concrètes et des engagements effectifs, nous sommes en train, les cinq syndicats du pays, de nous consulter très régulièrement (...) Et nous n’allons pas laisser les choses en l’état. La situation est extrêmement grave", révèle Manuella Cadelli, qui précise que la dernière grève des magistrats date de 1917.