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Accusé par l'opposition de jouer avec la sécurité nucléaire, le gouvernement a répété ce mardi par la voix du ministre de l'Intérieur Jan Jambon que la décision finale relative au prolongement des centrales de Doel 1 et 2 incomberait à l'Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), et non à l'agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA).
Un nouveau problème s’est posé dans l’épineux dossier de la prolongation et de la relance des centrales nucléaires de Doel. L’AIEA est censée contrôler les centrales du monde entier... deux ans avant leur relance ou leur prolongation. Vu la date fixée par le gouvernement pour relancer les réacteurs flamands, la mission de l’AIEA est donc impossible. Leurs experts ne pourront pas passer sur place avant février prochain au plus tôt.
La faute au gouvernement qui a pris une décision trop tardive dans ce dossier, mais une faute qui ne portera pas à conséquence. En effet, cet examen par l’AIEA n’est pas obligatoire. L’AFCN a donc les pleins pouvoirs pour donner son feu vert à la relance des réacteurs. "Après le vote au parlement, elle doit encore se prononcer sur l'exploitation et elle doit être convaincue que les exigences de sécurité seront bien remplies", a indiqué M. Jambon, répétant ce que la ministre de l'Energie Marie-Christine Marghem avait indiqué la semaine dernière. "Et il est clair que, si ce n'est pas le cas, les centrales ne seront pas prolongées", a assuré le ministre de l'Intérieur. Des études d'incidence et autres consultations publiques seront également organisées si l'AFCN en fait une exigence.
L'AFCN pas entendue
Le propos n'a pas convaincu l'opposition qui a fait observer que les autorités n'ont pas lancé une série de travaux préalables au prolongement des réacteurs, comme l'exigent une série d'experts de l'AFCN, de l'agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA). A l'initiative de Karine Lalieux (PS), elle a demandé que l'AFCN soit réentendue en commission, une proposition restée en suspens à ce stade.
Le ministre Jambon a assuré que des analyses complémentaires seront faites par l'agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), même si celles-ci ne sont donc pas légalement obligatoires.
Une mission de préparation est prévue à la mi-août avec des responsables de l'agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) pour la réalisation des rapports SALTO pour l'exploitation à long terme. Une mission d'experts devrait avoir lieu durant une semaine en février 2016 avant une mission plus complète en 2017.
M. Diamant et Mme Electrabel
Mais, c'est "te laat", a souligné Michel de Lamotte (cdH) alors que Doel 1 est désactivée. "Accepteriez-vous en tant que ministre de la Sécurité que l'on donne un délai de deux ans à un automobiliste pour passer le contrôle technique? On parle ici de sûreté nucléaire", a lancé Jean-Marc Nollet (Ecolo). Johan Vande Lanotte (sp.a) a souligné un paradoxe dans l'argumentaire du gouvernement lorsque ce dernier soutient que le prolongement des centrales n'entraîne pas de modification sérieuse aux permis d'Electrabel: des travaux ont malgré tout été budgétisés pour un montant de 750 millions d'euros. Pour Jan Jambon, ceci est le fruit d'une analyse ligne par ligne de la part de l'AFCN. Pour Marco Van Hees (PTB), Electrabel est l'enjeu majeur du débat en cours alors que l'AFCN attend son plan d'action pour mettre la machine en route. "Nous avons M. Diamant et Mme Electrabel", a-t-il lancé aux ministres Jambon et Marghem.
Pour Jan Jambon, avoir deux ministres distincts, pour l'Energie et l'Intérieur, est la preuve que ce gouvernement fait de la sécurité une priorité "sans concession".