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Quatre à cinq travailleurs de la STIB viennent d’être licenciés pour leur radicalisation. C’est une information de L’Echo ce samedi, développée par Benjamin Samyn et Eric Poncelet dans le RTLINFO 19H.
Une travailleuse a accepté de se confier à notre journaliste, mais en raison du climat actuel fort tendu au sein de la société de transport bruxelloise, elle a préféré garder l'anonymat. Son témoignage est édifiant. "Ils ne nous parlent pas parce qu'on est des filles. Ils ne nous donnent pas le tram parce qu'on est des filles. Ils partent des terminus en retard parce que c'est le moment de la prière et des choses comme ça. On remarque qu'ils sont déjà radicalisés. Ils ne parlent que de l'islam, tout le temps, tout le temps, tout le temps, en jugeant les autres qui ne pratiquent pas", a-t-elle dénoncé au micro de Benjamin Samyn. Elle décrit une ambiance très particulière dans certains dépôts. "Il y a des clans qui se forment dans la salle de recette, avec les extrémistes d’un côté et ceux qui sont un petit peu plus modérés. Il y a des tables, on ne s’approche même pas d’eux !"
Licenciés pourquoi?
D’après nos informations, parmi ces personnes licenciées, un homme considéré comme un meneur et connu pour ses positions radicales a été licencié pour des problèmes de comportement. Deux autres auraient réalisé de faux certificats médicaux en vue d’une activité parallèle liée à une société de taxis. Deux travailleurs auraient également profité de leurs congés maladie pour partir ou tenter de partir vers la Turquie et la Syrie rejoindre les terroristes de l'Etat islamique. Attention toutefois, pour l’avocat Michael Donatangelo, la faute grave est délicate à prouver dans ce cas. "Elle doit être en relation avec le contrat de travail. Si une personne part en Syrie alors qu’elle est en congé, mais pas en congé maladie, ce n’est pas une faute grave. Par contre, si elle part pendant le temps qui est nécessaire au repos, ça rompt la confiance avec l’employeur et ça pourrait s’apparenter à une faute grave."
La radicalisation en tant que telle pas un motif de licenciement
Ces hommes avaient été pointés par les services de sécurité comme "radicalisés" ou "représentant un danger pour leur activisme musulman radical", rapporte l'Echo, citant plusieurs sources fiables et indépendantes. Il faut cependant signaler que les services de renseignement ne peuvent avertir un employeur du fait qu’une personne est fichée, ce qui de toute façon ne constitue pas un motif de licenciement.
Pour rappel, Salah Abdeslam lui-même a travaillé à la STIB et avait été licencié pour absences non justifiées à répétition.
Interrogé par l'Echo, le patron de la STIB, Brieuc de Meeûs, s'est refusé à infirmer ou confirmer ces informations.
Refuser de travailler avec une femme est bien un "signal faible de radicalisation"
En France, depuis janvier, 57 personnes soupçonnées de s'être radicalisées n'ont plus pu travailler à l'aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle. Des nouvelles procédures de sécurité avaient en effet été mises en place dès janvier, dans la foulée des attentats contre Charlie Hebdo et le supermarché Casher. Et elles portent leurs fruits. Avant, "les entreprises n'avaient pas toujours conscience de ce qu'on appelle les signaux faibles de radicalisation", dont par exemple le refus de l'égalité des sexes (donc de travailler avec une femme), explique Philippe Riffaut, le préfet chargé de la sécurité à Roissy. Pour réaliser leur liste de radicaux à évincer, une enquête a fait appel aux services de renseignement français. "Aujourd'hui, l'état d'esprit en France a profondément changé. 4 ou 5 personnes ont perdu leur autorisation depuis les attentats de Paris, et d'autres vont venir", assure-t-il.