L'actuelle bourgmestre de Molenbeek, Françoise Schepmans, estime qu'il y a eu un certain laxisme des autorités compétentes avant elle. Rencontre avec Philippe Moureaux, qui a dirigé la commune pendant 20 ans. Il se défend d'une quelconque responsabilité dans les événements actuels.
A mots couverts ou plus franchement, plusieurs membres du gouvernement ont critiqué la gestion de la commune. La bourgmestre actuelle et échevine sous la législature précédente, Françoise Schepmans (MR), a évoqué le "déni" du phénomène de radicalisation d'une minorité pendant trop longtemps à Molenbeek. Même s'il n'a pas été nommé directement, les regards se sont tournés vers Philippe Moureaux, ancien homme fort du PS bruxellois et connu pour ses diatribes contre les libéraux et la droite en général. "C'est une manière de cacher l'échec de l'actuelle majorité et de la bourgmestre. Je ne suis plus bourgmestre depuis trois ans et, s'il y a eu des manquements ces dernières années, je n'ai rien à voir avec ça. A travers toutes ces déclarations, c'est la bourgmestre actuelle qui est accusée de n'avoir rien fait", a-t-il déclaré.
"J'avais plus d'infos"
Le ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V), a pointé du doigt la façon dont pendant 20 ans la commune a appréhendé la ghettoïsation, la multiculturalité et l'enseignement sur son territoire. "Ils utilisent toujours des termes vagues mais il n'y en a jamais capables d'expliquer concrètement ce qui ne va pas. C'est lamentable, c'est le politique dans son aspect le plus vil", a répondu M. Moureaux. "Molenbeek a servi de base de départ de certains terroristes. C'est vrai mais je ne suis tenu au courant de rien depuis trois ans et je n'exerce plus de responsabilité. Sans doute, la nouvelle majorité s'est-elle coupée de la population locale. J'avais sans doute plus d'informations, car j'étais plus proche de ma population, alors que la nouvelle majorité est sans doute un peu coupée de ce qui se passe", a-t-il enchéri.
"Très clairement, ce qui a évolué depuis trois ans, c'est l'apparition de Daesh et les départs vers la Syrie mais c'est une situation qui s'est produite après mon départ. Je pense que la première grave erreur qui a été commise est de n'avoir rien fait pour aider les familles à dissuader les jeunes de partir", a-t-il ajouté.
"La sécurité partout"
De son côté, le président du PS, Elio Di Rupo, n'a pas voulu entrer dans la polémique à propos de la commune Molenbeek, gérée pendant près de 20 ans par Philippe Moureaux, et à laquelle le gouvernement fédéral veut appliquer un plan particulier. "Nous devons garantir la sécurité partout, à Anvers, Verviers ou Molenbeek. Qu'il y ait un renforcement des moyens, ce sera positif mais nous devons être attentifs à tout le territoire. Il faut renforcer les moyens partout où c'est nécessaire. La situation est tellement grave que l'on doit se garder de toute attitude politicienne", a déclaré Elio Di Rupo, en marge d'une déclaration à la presse.