Assises Hainaut: Steve Becker condamné à 20 ans de prisons pour le meurtre d'Ali Akbar Chokr

La cour d'assises du Hainaut a condamné, mardi, Steve Becker à 20 ans de réclusion criminelle pour le meurtre d'Ali Akbar Chokr, commis le 12 juillet 2014 à Quaregnon, et pour une détention d'une arme prohibée, soit une matraque retrouvée dans sa voiture. Le collège a retenu une circonstance atténuante : le mode de fonctionnement au sein du milieu familial, ce qui ne lui a pas permis d'avoir les repères adéquats pour vivre en société.


Ali Akbar Chokr avait fui le Liban en guerre en 2006 pour s'installer en Belgique, dans la région de Charleroi. Travailleur, il s'est lancé dans un commerce de voiture. Le 11 juillet 2014, ses cousins se sont rendus dans le Borinage pour payer un acompte sur l'achat d'une voiture d'occasion. A Quaregnon, son cousin a remarqué qu'une voiture était en vente. Il s'agissait d'une Renault Kangoo, un modèle recherché par Ali. Son cousin a conclu l'achat de la voiture, pour 500 euros, avec le vendeur, un certain Daniel Becker. Quand Ali Akbar Chokr a pris possession de l'auto, il s'est rendu compte qu'il s'agissait d'une voiture immatriculée en France. Afin de dédouaner le véhicule, il avait besoin d'une copie de la carte d'identité du vendeur. Le 12 juillet, il a accompagné son cousin à Colfontaine où ce dernier devait aller chercher sa nouvelle voiture. Sur le chemin, Ali et son cousin ont croisé Daniel Becker, au volant de son tracteur sur la chaussée de l'Espérance à Quaregnon, à proximité du lieu où vit le clan Becker. Ali lui a fait de grands signes et il criait "ta carte, ta carte". Daniel Becker s'est senti agressé et une rixe a éclaté en face du domicile de Steve Becker.

Steve Becker est sorti de chez lui et s'est mêlé à la bagarre. Il est ensuite reparti chez lui en criant "viens, viens". Ali et son cousin sont remontés dans l'Opel Astra. Ali, qui était au volant, a doublé une série de véhicules alors que son cousin alertait la police sur la bagarre qui venait de se dérouler. Vingt-huit secondes après l'agression, une Mercedes grise, un modèle break, a dépassé l'Opel avant de la bloquer sur la chaussée de l'Espérance. Plusieurs coups de feu ont éclaté depuis la Mercedes qui a pris la fuite après avoir fait une manoeuvre de demi-tour sur la chaussée. Blessé à la tête, Ali Akbar Chokr a été emmené à l'hôpital Ambroise Paré à Mons où il est mort le soir même. Choqué, son cousin a expliqué aux policiers qu'ils avaient eu une dispute avec des gens qui habitaient un peu plus loin. Très vite, les policiers de la zone boraine ont compris qu'ils avaient affaire au clan Becker, des gitans sédentarisés qui ont une réputation sulfureuse. Un hélicoptère de la police fédérale a survolé les lieux et la Mercedes grise a été repérée devant la maison de Steve Becker. Les caméras thermiques ont permis de déterminer que le moteur avait tourné au moment du crime, vers 14h30.

Il paye seul le crime d'un homme qui ne voulait qu'une copie de carte d'identité

Steve Becker, arrêté par les forces spéciales, a prétendu que sa voiture n'avait pas bougé de l'après-midi. Sa voiture a été analysée et les enquêteurs ont retrouvé des résidus de tir et des morceaux de verre provenant du pare-brise de l'Opel Astra, ce qui prouve que les deux voitures étaient très proches au moment des tirs, ainsi qu"une matraque télescopique. Quant au cousin de la victime, témoin direct des faits car il était assis sur le siège convoyeur, il a rapidement identifié Steve Becker comme étant le chauffeur de l'auto. Ce qu'a nié ce dernier, arguant tout le long du procès qu'il était étranger au meurtre. Mardi, le jury de la cour d'assises du Hainaut a rendu son verdict, Steve Becker est bien co-auteur de ce crime, et la cour l'a condamné à une peine de 20 ans de réclusion criminelle, retenant qu'une seule circonstance atténuante : le mode de fonctionnement au sein du milieu familial, ce qui ne lui a pas permis d'avoir les repères adéquats pour vivre en société. Mais dans ce clan, on garde ses secrets et on règle les problèmes en famille, autour du patriarche et son épouse. Jusqu'au bout, Steve Becker a couvert le tireur, un barbu avec de longs cheveux noirs gominés vers l'arrière selon les témoins, un membre de la famille Becker selon l'accusation. Il paye seul le crime d'un homme qui ne voulait qu'une copie de carte d'identité.

Steve Becker, libre au début du procès, passera quelques années en prison, un milieu hostile où un accueil sanglant lui avait été réservé il y a dix jours. Incarcéré à la demande de l'avocat général en plein procès, Steve Becker avait subi une véritable correction sous le préau de la prison de Mons.