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La députée Zakia Khattabi (Ecolo) ne siégera pas à la Cour constitutionnelle. Pour la deuxième fois, elle n'a pu recueillir la majorité des deux tiers requise au Sénat. Elle a annoncé qu'elle poursuivrait son mandat parlementaire à la Chambre.
Lors du second tour de vote, l'ex-co-présidente des Verts n'a recueilli que 28 votes en sa faveur alors qu'il lui en fallait 39, onze voix se sont portées sur la deuxième candidate, Cécile Thibaut (c'est une obligation de présenter deux candidats) tandis que 19 bulletins étaient considérés comme nuls ou blancs.
Le vote est secret. Néanmoins, le Vlaams Belang et la N-VA, de même que la sénatrice Els Ampe (Open Vld), avaient déjà affiché leur opposition à la candidature de Mme Khattabi.
Le MR n'a plus soutenu Zakia Khattabi pour ce vote
La surprise est venue du MR en fin de matinée, alors que la séance plénière commençait: le président Georges-Louis Bouchez a annoncé dans les médias que son parti soutiendra Mme Thibaut et non Mme Khattabi. Les libéraux, au mois de janvier, avaient pourtant soutenu l'ex-co-présidente même si elle n'est guère populaire dans leurs rangs. Ils estiment aujourd'hui que c'est tordre le bras au Sénat que de reproposer une candidate qui n'a pu recueillir quelques mois plus tôt un consensus suffisant. Le MR se défend de viser la personne.
Les nationalistes flamands n'ont en revanche pas hésité à dénoncer une "activiste de gauche" qui, n'étant pas juriste, ne disposerait pas des capacités pour être juge à la Cour constitutionnelle.
Ecolo dénonce l'attitude du MR, qui a "entretenu le doute et la confusion"
Pour Ecolo, le coup est rude. En coulisses, certains mandataires écologistes ne cachaient pas leur malaise à l'égard du sort fait à une candidate jugée, à les entendre, pour ses origines et les combats qu'elle mène. "Ça laisse des traces", a averti de son côté la cheffe de groupe, Hélène Rykmans. Aux yeux des Verts, rien ne justifie le rejet de la candidature de leur ex-dirigeante, ni la loi, ni l'expérience de Mme Khattabi ou son attachement aux institutions.
Le MR a "entretenu le doute et la confusion sur la légitimité de la candidate des écologistes, et finalement, contribué à la mobilisation à son encontre, participant ainsi à créer un grave précédent et à fragiliser le fonctionnement de notre État de droit", a déploré Ecolo.
Je n'aurai pas l'indécence de pleurer sur mon sort
Alors que le Sénat allait passer au vote, Mme Khattabi a pris acte de son échec. "Je n'aurai pas l'indécence de pleurer sur mon sort le jour où celui de milliers de travailleurs de Brussels airlines pourrait se jouer, dans une période où des milliers d'acteurs de la culture, de l'horeca, des indépendants... se demandent de quoi demain sera fait", a-t-elle expliqué sur Facebook. "Les quatre ans à la présidence et la fin de mandat en particulier ont été éprouvants, j'ai dès lors souhaité saisir la magnifique opportunité de donner à mon engagement pour notre Etat de droit une nouvelle forme, non partisane et dans l'ombre. Certains en ont décidé autrement, dont acte. Je poursuis donc mon engagement politique au parlement", a-t-elle ajouté.
Brouille entre Ecolo et MR?
Les relations entre Ecolo et le MR sont mauvaises depuis la dernière législature et, particulièrement, depuis la campagne électorale. Les deux partis ont toutefois dû s'entendre pour former des gouvernements en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles. L'ambiance semblait plus sereine depuis lors mais ces dernières semaines, des tensions sont apparues, aussi bien sur le dossier du photovoltaïque qu'à propos du soutien aux décisions du Conseil national de sécurité.
Ecolo assure qu'il ne mêlera pas les dossiers, que ce soit dans les majorités francophones ou en vue des discussions pour former un gouvernement fédéral qui devraient reprendre à la fin juin. La séance plénière s'est déroulée dans une ambiance tendue marquée, hasard de l'ordre du jour, par un débat consacré au plan interfédéral de lutte contre le racisme. Un discours virulent d'un élu du Vlaams Belang contre l'immigration a provoqué l'indignation de plusieurs groupes démocratiques. Un nouvel appel à candidatures sera publié la semaine prochaine au Moniteur belge en vue de désigner un juge francophone à la Cour constitutionnelle. Il expirera le 3 juin. Une nouvelle séance plénière devrait avoir lieu le 12 juin. Ecolo n'a pas encore choisi les candidats qu'il présentera.