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Si de nombreux Belges attendent avec impatience la fin du délai de deux semaines après l'injection de la 2e dose de leur vaccin pour être libres de se déplacer sans aucune contrainte dans l'Union européenne cet été, d'autres, pourtant complètement vaccinés, n'ont pas accès à cette liberté. C'est le cas de Yolande, 64 ans, et son époux, résidents belges de Samsun en Turquie. Le couple a quitté Tournai il y a quelques années pour s'installer dans cette ville au bord de la mer Noire. En début d'année, il a reçu le vaccin chinois du laboratoire Sinovac. La deuxième dose a été injectée le 26 mars, comme on a pu le vérifier sur le document que Yolande nous a fait parvenir via le bouton orange Alertez-nous. Mais le couple, qui va revenir en Belgique d'ici quelques semaines pour rendre visite à ses deux enfants, devra quand même s'astreindre à une quarantaine comme s'il n'était pas (ou pas complètement) vacciné. Yolande nous dit avoir appelé le consulat et l'ambassade belges qui lui ont confirmé la quarantaine. La raison: le vaccin chinois n'est pas reconnu dans l'Union européenne. "Je trouve ça très injuste et pas logique", nous confie Yolande par téléphone. Une réaction nourrie notamment par la décision récente de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de reconnaître ce vaccin. C'est le deuxième vaccin chinois que l'OMS autorise, après celui du laboratoire Sinopharm.
L'Agence européenne des médicaments donne les autorisations
Dans l'Union européenne, c'est l'Agence européenne des médicaments (EMA pour European Medicines Agency) qui décide si un vaccin est reconnu ou pas. "Sinovac/Sinopharm et les autres sont libres de s'adresser également à l'EMA pour obtenir une évaluation de leur vaccin permettant une autorisation de mise sur le marché. Actuellement, la ligne au niveau du Conseil européen et de la Commission est de reconnaître uniquement les vaccins approuvés par l'EMA", nous a expliqué Sabine Stordeur, responsable francophone de la Task Force Vaccination en Belgique.
Il est à noter que si l'Union européenne ne reconnait pas les vaccins chinois, l'inverse est vrai aussi. En Chine, seuls les vaccins chinois sont reconnus.
Le vaccin Sinovac autorisé dans une vingtaine d'autres pays
Le Sinovac est déjà utilisé dans 22 pays et territoires, selon les données collectées par l'Agence France Presse Outre la Chine, il est présent en Tunisie, au Chili, au Brésil, en Indonésie, au Mexique, en Thaïlande ou encore en Turquie. Il s'agit d'un vaccin traditionnel (et non d'un vaccin développé avec la nouvelle méthode d'ARN messager comme l'ont été les vaccins Pfizer et Moderna).
Il existe trois vaccins chinois à l'heure actuelle. Outre Sinovac, la Chine a pour l'heure approuvé les vaccins produits par ses laboratoires Sinopharm (deux doses) et Cansino Biologics (une dose). Le géant asiatique, où le Covid-19 a fait son apparition fin 2019, a déjà administré près de 800 millions de doses, jusqu'à présent uniquement à des adultes âgés de 18 ans ou plus. Pékin, qui a pratiquement éradiqué l'épidémie sur son sol depuis mai 2020, espère vacciner au moins 70% de sa population d'ici la fin de l'année, soit environ un milliard d'habitants.
Le classement des vaccins les plus utilisés
Le vaccin d'AstraZeneca/Oxford est le plus diffusé dans le monde: il est administré dans plus des trois quarts des pays et territoires qui vaccinent (au moins 170 sur 215). Il devance Pfizer/BioNTech (au moins 97 pays et territoires), Moderna (au moins 46), Sinopharm (au moins 45), Spoutnik V (au moins 40) et Johnson & Johnson (au moins 29). Le sérum d'AstraZeneca/Oxford est injecté aussi bien dans des pays riches que pauvres, notamment grâce au système Covax dont il est le principal fournisseur, alors que les vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna, plus onéreux et difficiles à conserver, sont principalement utilisés dans des pays riches. Le vaccin russe Spoutnik V et les vaccins chinois développés par Sinopharm et Sinovac sont principalement administrés dans des pays émergents et en développement.
Turquie en rouge
La Turquie, étant hors de l'espace Schengen et ne faisant pas partie d'une courte liste de pays avec lesquels la Belgique a un accord, est un pays auquel est attribué le code couleur rouge. Une quarantaine est donc nécessaire ainsi qu'un test PCR le 7ème jour.