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"Une facture de plus de 1000€ pour la location d'une voiture" : Justine victime d'une usurpation d'identité via l'application Poppy

Justine nous a contactés via le bouton orange "Alertez-nous" suite à une fraude en ligne dont elle a été victime. Plus de 1000 euros lui sont réclamés pour la location de voiture via l’application Poppy, voiture qu'elle n'a pourtant jamais utilisée.

L’histoire commence en décembre 2023 lorsque Justine tombe sur une annonce dans un groupe Facebook, offrant un job "bien payé" pour nettoyer des véhicules Poppy. Pour rappel, Poppy est une société belge de mobilité partagée proposant des voitures, camionnettes et scooters partagés via une application, principalement dans les grandes villes. En tant qu’étudiante, elle commente l’annonce et se retrouve rapidement en contact via Messenger avec l’autrice de l’annonce.

“Elle me demande de lui envoyer mon CV, mon permis de conduire et d’installer l’application sur mon téléphone. Tout me paraissait logique”, se souvient-elle. Le profil de cette femme semblait crédible, avec des amis en commun et des photos personnelles. C'est alors que la jeune femme fait une première erreur : “Je lui communique mon numéro de téléphone”, ce qui permet à l’escroc de connecter l’application Poppy à son propre compte. “Je ne crée donc pas de compte sur l’application Poppy. Je suis sur un compte 'entreprise'.”

Une fois connectée, la plateforme demande une photo de son permis de conduire. L'étudiante ne s’inquiète pas immédiatement, car “c'est une chose logique pour moi, sachant que je postulais pour un job de nettoyage de véhicule.” Cependant, les choses prennent un tournant lorsqu’on lui demande de réaliser une transaction bancaire pour valider son identité. “Erreur de ma part ! À ce moment-là, je commence à douter de la fiabilité de l’annonce”, admet-elle.

Malgré ses doutes, l’escroc continue de la rassurer et lui fixe un rendez-vous à Liège qui n'aura jamais lieu. Puis, “plus trop de nouvelles”, raconte Justine, qui décide alors de désinstaller l’application.

Huit mois plus tard, la jeune femme découvre la mauvaise surprise : “J’ai reçu une facture de plus de 1000 euros pour une location de voiture datant de décembre 2023”, explique-t-elle. Sans jamais l’avoir avertie ou informée par e-mail, la société Poppy lui demande de payer cette facture car le compte est bien à son nom. “Or, c’est une usurpation d’identité et je n’en suis pas responsable. Il faut bannir cette plateforme qui utilise nos données et ne fait rien pour les protéger”, dénonce Justine, qui a directement porté plainte suite à cela.

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Maheureusement, les problèmes ne s'arrêtent pas là pour Justine. Lorsqu'elle parvient à contacter Poppy, la société lui réclame une somme supplémentaire de 1.400 euros pour des prétendus dommages au véhicule. 

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Suite à ce témoignage, nous avons interpellé Pierre de Schaetzen, le responsable marketing de Poppy, qui n'a pas souhaité commenter le cas de Justine, soulignant l'importance de la protection des données de ses utilisateurs. "Conformément aux lois sur la protection des données personnelles, nous ne pouvons pas partager d’informations concernant nos utilisateurs", explique-t-il, tout en précisant que Poppy ne propose jamais d'emplois via des annonces sur Facebook. "Comme indiqué clairement sur notre compte Facebook et notre page de recrutement", rappelle-t-il.

Le responsable marketing insiste sur les mesures de sécurité mises en place par l'entreprise, affirmant que la protection des données des utilisateurs est une priorité. "Nous avons mis en place des mesures de sécurité de pointe et faisons régulièrement appel à des sociétés externes pour réaliser des audits", ajoute-t-il, avant de préciser que ces audits n'ont jamais révélé de failles dans leur système.

Selon lui, aucun système de sécurité ne peut prévenir la "négligence individuelle". "Cela est valable pour tout type de service : partager les identifiants de son adresse e-mail, le code PIN de sa carte bancaire ou la clé de sa chambre d'hôtel relève d’une responsabilité personnelle, qui ne peut être imputée à un tiers."

En cas de fraude, Pierre de Schaetzen précise que Poppy collabore toujours avec les autorités. "Nous collaborons bien sûr avec chaque enquête de police afin d’identifier les personnes ayant profité de la négligence d’un utilisateur à des fins frauduleuses et fournissons toutes les informations à notre disposition pour que la justice puisse prendre les mesures nécessaires afin de réparer le préjudice subi par les victimes de cette fraude", conclut-il.

De quels recours dispose-t-elle ?

Pour Justine, trois pistes sont à envisager pour aborder la situation, comme l'explique Olivier Piret-Gérard, avocat spécialisé en services de paiement électroniques. Tout d'abord, il y a la voie pénale, où Justine peut "se constituer partie civile entre les mains d'un juge d'instruction." Cette démarche obligerait le juge à instruire le dossier et à demander des réponses à Poppy. "Cela pourrait être une solution si rien ne bouge au niveau policier ou au niveau du parquet." Attention toutefois, cette procédure n'est pas gratuite, avec des frais d’environ 250 euros pour la constitution du dossier. Cependant, "cela fait que le dossier ne peut plus rester dans la poubelle et permettrait d'avancer."

La deuxième option, sur le plan civil, serait que Justine conteste directement les demandes de paiement. L'avocat souligne toutefois un point critique : "Le gros problème, c'est qu'elle semble avoir autorisé la transaction avec sa carte bancaire", grimace-t-il. "En validant son identité via la plateforme, Poppy pourrait arguer que Justine a donné son autorisation bancaire pour être débitée, ce qui complique la défense." Si Justine refuse de payer, Poppy pourrait envoyer une mise en demeure ou même la citer en justice. "Lors d'un procès, Poppy pourrait affirmer qu'elle a validé ce paiement, ce qui rend sa position juridique délicate."

Enfin, Maître Piret-Gérard évoque une médiation comme troisième piste. Il suggère de contacter le service "Ombudsfin", soit un médiateur financier indépendant qui pourrait "essayer de mettre d’accord tout le monde." Toutefois, il précise que les décisions des médiateurs sont non contraignantes, ce qui signifie que si aucun accord n'est trouvé, la situation pourrait rester inchangée.

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