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Marc nous a contactés via le bouton orange Alertez-nous, une semaine après avoir assisté au spectacle de Messmer. La pratique du célèbre hypnotiseur québécois a eu un effet inattendu sur le retraité qui a la sensation de "ne pas en être sorti". Cela est tout à fait possible, précise Audrey Vanhaudenhuyse, neuropsychologue au CHU et à l'université de Liège. Explications.
"Je suis encore un peu entre deux eaux", raconte Marc, clairement déboussolé. Le Namurois s'est rendu au spectacle de Messmer "sans trop y croire". Et pourtant, dès les premiers instants, il est très réceptif: "Il a appelé des gens sur scène, je ne pensais pas y aller et après, je ne sais plus, je n'ai plus eu le contrôle." Tout au long du spectacle, l'homme, au départ sceptique, obéit aux injonctions de l'hypnotiseur: "Je l'entendais, j'avais conscience qu'il nous faisait faire des conneries, mais je le faisais quand même."
J'étais dans les vapes
Une soirée particulière qui a complètement chamboulé le fraîchement retraité, au point qu'il ne se souvient pas comment il est rentré chez lui: "J'ai attendu 45 minutes avant de reprendre la route. J'étais dans les vapes. Dans ma tête, j'ai fait Bruxelles-Erpent en cinq minutes." Le hic: plusieurs jours après le spectacle, Marc a l'impression de rester dans un "état second": "Je suis encore perturbé. Il ne m'a pas 'réactivé'."
Rester "coincé", ça arrive?
L'expérience de Marc est inhabituelle et, pour l'hypnotiseur Québécois, elle est même inimaginable. Voici ce que Messmer disait récemment sur notre plateau: "Même si je vous laisse dormir dans la salle, le cerveau comprend que l'hypnose est finie, que le spectacle est fini. Le sommeil hypnotique se transforme petit à petit en sommeil naturel et la personne va toujours s'éveiller. C'est impossible de rester accrocher à l'hypnose ou d'avoir des séquelles. Ça va toujours se dissiper par la suite."
Nous avons soumis le cas de Marc à une spécialiste de l'hypnose: Audrey Vanhaudenhuyse. La neuropsychologue ne partage pas l'avis de Messmer: "C'est tout à fait possible. C'est simplement que cette personne n'est pas sortie correctement du processus hypnotique. Pour l'aider, il faudrait qu'un professionnel réinduise l'hypnose et fasse une sortie d'hypnose pour que le monsieur récupère ses sensations normales." Il est impossible de prédire combien de temps cet effet pourrait durer si rien n'était fait, précise l'experte.
"L'hypnothérapie n'est pas protégée"
La mésaventure de Marc souligne l'importance d'être vigilant si vous voulez vous faire hypnotiser pour soigner un traumatisme, par exemple. D'autant plus que n'importe qui peut s'autoproclamer hypnotiseur: "Le problème, c'est que l'hypnothérapie n'est pas protégée en Belgique et en France. Vous pouvez faire trois heures comme trois ans de formation, mettre une plaque devant chez vous et vous n'êtes pas hors la loi", explique Audrey Vanhaudenhuyse.
Si, par mégarde, vous faites appel à une personne incompétente, il y a des risques: "On peut parfois réveiller des souvenirs douloureux pour les personnes sans que ça ne soit prévu. Dans ce cas, il faut être capable de pouvoir aider et accompagner la personne. Sans la bonne formation, on va difficilement pouvoir le faire."
Pour éviter toute déconvenue, voici les conseils de la spécialiste pour bien choisir les bons professionnels de la santé: "Il y a des structures comme la confédération francophone d'hypnose et de thérapies brèves où vous pouvez trouver une liste de personnes qui utilisent l'hypnose de manière bien éthique et cadrée. Vous pouvez aussi contacter les hôpitaux. Il y a des services qui utilisent l'hypnose qui peuvent réorienter selon les thématiques et les problématiques d'intérêt."
Quant à Marc, il va devoir réitérer l'expérience, en suivant les conseils de la neuropsychologue pour retrouver ses sensations habituelles.